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Channel: Une Saison à l'Opéra
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La saison 2014-2015 du ballet de l'Opéra de Paris

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La nouvelle saison du ballet de l’Opéra avait été dévoilée sur un site japonais il y a maintenant un mois. L’annonce officielle du mardi 4 mars sur le site de l’Opéra n’a donc pas été une surprise pour la majorité des balletomanes, qui avaient déjà une bonne idée des spectacles qu’ils allaient voir l’année prochaine. Si la programmation et la énième augmentation des tarifs étaient connues, les dates exactes l’étaient beaucoup moins.



La première chose à faire lorsque l’on reçoit la nouvelle brochure de la saison à venir, c’est de parcourir les dernières pages afin de vérifier si le plan de la salle et la répartition des catégories a beaucoup évolué par rapport à la saison précédente. Chaque année c’est la même chose, les petites catégories reculent de plus en plus et certaines places aux deuxièmes (voire aux troisièmes) rangs de loges se retrouvent en troisième catégorie. Pour certaines de ces places, la visibilité est loin d’être totale, ce qui est très frustrant lorsque l’on paye une place à ce tarif.
L’Opéra opte pour une nouvelle stratégie cette année en variant les tarifs en fonction des jours de la semaine. Les représentations des vendredis et samedis soir sont augmentées en moyenne de 2 euros, tandis que les prix de celles du lundi sont revus à la baisse (-3 euros en moyenne). De la même façon, les représentations en matinée sont moins chères mais très peu nombreuses. Sur la saison 2014-2015, à peine dix matinées de ballets sont programmées. Alors que cette année en ne prenant en compte qu’Onéguine, La belle au bois dormant, La dame, la soirée Cullberg/DeMille et Le Parc, on comptabilise déjà plus de 15 matinées. En sachant qu’il n’y aura que des représentations en soirée sur les séries du Lac des cygnes, ainsi que sur La Fille mal gardée entre autres. Dommage car le ballet d’Ashton attire toujours les enfants. Idem pour Le lac, grand classique indémodable, qui attire toujours un grand nombre de spectateurs venus de toute la France.
Par ailleurs, il n’y aura qu’un samedi soir pour Le lac cette année, ce qui réduit vraiment les choix pour les spectateurs ne pouvant se déplacer en semaine, et cela devient de plus en plus difficile de faire sa programmation lorsque l’on ne travaille plus sur Paris (ou en Ile de France).
Avec 16 ballets à l’affiche et deux compagnies invitées, la saison 2014-2015 est assez chargée pour le ballet de l’Opéra. Mais les séries sont beaucoup plus courtes : 14 représentations pour Le lac, rien à voir avec la vingtaine de représentations de décembre 2011.

Du classique certes, mais beaucoup de reprises
Cette saison s’annonce plus « classique » que les précédentes, même si il s’agit globalement de reprises. Paquita, Le lac des cygnes, Casse-Noisette et La fille mal gardée seront à l’affiche la saison prochaine. Même si on ne se lasse pas du Lac, ces nouvelles reprises seront certainement dynamisées par les nouvelles distributions. Concernant le Lac, Alice Renavand a soufflé dans le magazine Elle son envie d’incarner le rôle-titre. Paquita a quant à lui a été repris pour la dernière fois en 2010, tandis qu’il était présenté à l’occasion de la tournée en Russie. L’intérêt pour cette reprise devrait également venir des danseurs avec les valeurs sûres à savoir Dorothée Gilbert et Ludmila Pagliero, et les nouvelles, Alice Renavand (qui a effectué sa prise de rôle en Russie) ou certainement Amandine Albisson. Etant placé face à la Source juste avant les fêtes, Casse-Noisette devrait à nouveau voir la titularisation de jeunes talents.
La saison prochaine sera également l’occasion de revoir les « classiques maison avec Les enfants du paradisde José Martinez, ainsi que La Sourcede Jean-Guillaume Bart. L’occasion de retrouver d’un côté l’ambiance théâtrale des Enfants du Paradis, et de revoir le Zaël, virtuose et bondissant, de Mathias Heymann dans la Source. L’Histoire de Manonde Macmillan sera de nouveau à l’affiche. La dernière reprise avait laissé de beaux souvenirs avec des couples forts. Elle sera cette année marquée par les adieux de l’Etoile Aurélie Dupont.
Neumeier sera également de la partie avec cette fois-ci une création mondiale : Le chant de la terre. Intriguant, à voir.
Petite déception cependant concernant la soirée mixte Lander/Forsythe. Alors que je me fais une joie de pouvoir voir enfin sur scène Etudes, le programme de Forsythe est quant à lui similaire à la soirée présentée en décembre 2012. Raind’Anna Teresa de Keersmaeker sera à nouveau à l’affiche. Le documentaire d’Olivia Rochette et de Gérard-Jan Claes présentait les répétitions et comment les danseurs ont intégré le vocabulaire chorégraphique. Deux ans après l’entrée au répertoire, ce sera certainement l’occasion de voir cette pièce d’un autre œil. A noter également, la soirée mixte Paul/Rigal/Lock avec la création de Rigal, à voir en fonction des pré-distributions.

N’oublions pas que la saison prochaine sera marquée par le changement de direction. Vu comment se présente la saison, les nominations successives d’étoiles, il est clair que le changement de direction ne se fera pas tout de suite et qu’il faudra attendre un peu pour que Benjamin Millepied puisse apporter sa propre signature.

En attendant, voyons ce que nous réserve la fin de la saison et la fin du mandat de Brigitte Lefèvre.

Soirée Cullberg/De Mille : petits meurtres en famille

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Du 21 février au 13 mars dernier, le ballet de l’Opéra présentait un programme consacré à deux chorégraphes féminines mettant en lumière le destin tragique de deux femmes. Retour sur la représentation du 22 février dernier en matinée, avec la deuxième distribution.


Laetitia Pujol et Pierre-Arthur Raveau


Fall River Legendde la chorégraphe Agnès de Mille ouvrait cette soirée contemporaine. Si je ne regrette pas d’avoir vu cette matinée, c’est certainement pour cette pièce qui relate un fait divers. Celle-ci met en effet en scène le meurtre à coups de hâche du père et de la belle-mère de Lizzie, une jeune fille américaine. Elle s’ouvre à l’heure de la potence, alors que le danseur Sébastien Bertaud annonce avec un certain aplomb la condamnation de la jeune femme. Dans le rôle principal lors de cette matinée, Laetitia Pujol. La danseuse Etoile s’est avérée être touchante dans le rôle, incarnant un personnage complexe, torturé et sincère. Son partenariat avec le jeune Pierre-Arthur Raveau, qui incarnait le pasteur avec lequel Lizzie découvre le sentiment amoureux et qui la soutient jusqu’au verdict final, était très intéressant. Le danseur fait preuve d’une grande maturité.
Même si le ballet paraît vieilli, on aime ce contraste entre les danses américaines dans lesquels on ne peut que remarquer la gracieuse et lumineuse Léonore Baulac, aux scènes plus sombres, psychotiques où Lizzie nous entraîne dans son esprit torturé et meurtri, entre flash back et réalité, jusqu’à ce que l’on découvre la robe immaculée de sang de la jeune accusée. Alors que la mise en scène de la pièce intrigue au départ, quelques longueurs apparaissent peu à peu, malgré le bon vouloir des danseurs. Un ballet qu’il faut avoir vu au moins une fois.

Eléonora Abbagnato et Stéphane Bullion


Vingt minutes et un entracte plus tard, Mademoiselle Julie de Brigit Cullberg nous plonge dans une autre ambiance, non dénuée d’humour. Après les décors sombres d’Agnès de Mille, place aux couleurs acidulées de la chorégraphe suédoise. Mais si vous pensiez avoir échappé à la noirceur du ballet précédent, détrompez-vous ! Une fois de plus l’argument de la chorégraphe et mère de Mats Ek, met en exergue le destin tragique d’une jeune aristocrate. Eléonora Abbagnato incarne avec élégance et fermeté la fameuse Mademoiselle Julie. Même si je trouvais que l’interprétation de la danseuse s’assimilait plus à une courtisane qu’à une châtelaine, la danseuse étoile est bien plus à son aise et en confiance ici qu’en décembre dans le rôle titre de La belle au bois dormant. Et on ressort plutôt jaloux de ses longues jambes ! A ses côtés, Stéphane Bullion change de registre, il délaisse les ténèbres au profit du cabotinage et fait sourire en ivrogne. Le rôle de Jean lui va vraiment bien. Coup de cœur également pour Ninon Raux, loin d'être en retrait, qui campe un personnage à la personnalité singulière. Jolie prestation également de la cuisinière de Stéphanie Romberg. Sans oublier, Yann Saïz et son élégance indétronable dans le rôle du fiancé de l’aristocrate déchue. 

Au final, une matinée intéressante avec de belles découvertes. Les autres distributions semblaient aussi fort intéressantes, notamment le duo formé par Aurélie Dupont et Nicolas Le Riche mais aussi Eve Grinsztajn, qui interprétait également le rôle de Mademoiselle Julie.


Cinéma : Marco Spada en direct du Bolchoï

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Dimanche 30 mars avait lieu la dernière retransmission au cinéma en direct du plateau du Théâtre du Bolchoï. Pour cette dernière de la saison 2013-2014, le ballet présentait Marco Spada, ballet chorégraphié à l’origine par Joseph Mazillier et remonté par Pierre Lacotte.



Marco Spada ou La fille du bandit est dansé pour la première fois sur la scène de l’Opéra de Paris le 1er avril 1857. Chorégraphié par Joseph Mazillier, également chorégraphe du célèbre Paquita, il tombe aux oubliettes avant d’être remonté par Pierre Lacotte en 1973, avec dans les rôles principaux Ghyslaine Thesmar et Rudolf Noureev. En novembre 2013, c’est au répertoire du Bolchoï que le ballet pantomime fait son entrée.
S’il y avait bien une retransmission en direct du Bolchoï à ne pas rater cette saison, c’est bien celle de Marco Spada. Annoncé en janvier dernier suite à un changement de planning, le ballet l’Age d’or étant initialement prévu. Le ballet nous conte l’histoire du bandit Marco Spada, de sa fille Angela, de la marquise Sampietri, du Prince Frederici et du Comte Pepinelli. Et pour incarner ces héros, le ballet du Bolchoï a aligné une série d’Etoiles et de solistes impressionnante avec le virtuose David Hallberg dans le rôle titre, l’exquise Evgenia Obratsova, l’élégante Alina Somova et les excellents Semyon Chudin et Igor Tsvirko.

Qui ne peut résister au charme du Marco Spada de David Hallbberg ? Le danseur est incontestablement le héros de cette représentation. Il possède cette technique et cette prestance. Il impressionne par sa virtuosité avec des sauts, des réceptions propres et une petite batterie vive, caractéristique de l’école française. Le danseur a étudié un an à l’école de danse de l’Opéra de Paris et, lorsqu’il a été interviewé par Katerina Novikova, il a avoué que l’enseignement reçu l’a bien aidé pour intégrer et digérer la succession de petits pas rapides et précis. Car il faut bien le dire (soyons chauvin) Marco Spada est un ballet typiquement français : que ce soit dans la technique avec ses pas rapides, ses battus et enchaînements virtuoses, sans oublier cet art de la pantomime. Outre la technique, David Hallberg campe un personnage complexe, à la fois bandit et homme de la haute-société. David Hallberg a précisé lors de son interview qu’en novembre il s’était plus concentré sur les pas, pour bien effectuer les enchaînements. Maintenant qu’il les maîtrise, il s’est focalisé sur l’interprétation et la double facette de son personnage. A ses côtés, Evgenia Obraztsova incarne la féminine Angela, éperdument amoureuse du Prince Frederici. Avec son charme, sa délicatesse et sa technique, cette belle danseuse apporte beaucoup au rôle et est bien assortie à David Hallberg. Une belle complicité émane des deux danseurs, le lien père-fille est plus que crédible. Quant à Olga Smirnova, elle incarne avec beaucoup de classe et d’élégance la marquise Sampietri. Dotée d’une technique classique merveilleuse, la danseuse se distingue par sa danse, qui, du moindre dégagé au moindre port de bras, est plus que raffinée. Semyon Chudin qui campe le Prince Frederici impressionne par sa technique et son élégance. Lui aussi réussit ses variations avec brio. Tandis qu’Igor Tsvirko montre de beaux talents de comédien dans le rôle du Comte Pepinelli.

Sans oublier un corps de ballet impeccable : les danseurs sont ensemble, les lignes sont des lignes, le tout sans fausse note. Et surtout, ces danseurs semblent s’amuser et, même à travers l’écran, on sent leur joie de danser. Ce corps de ballet vibre à l’unisson, ce qui donne encore plus de rayonnement aux solistes en scène et encore plus d’étoffe au ballet. N’omettons pas de parler des jeunes danseurs interprétant le pas de deux des fiancés au premier acte avec les talentueux Anastasia Stashkevitch et Viacheslav Lopatin qui nous régalent d’un beau divertissement.C’est la première fois qu’un ballet retransmis en direct au cinéma me fascine et me passionne autant. Un beau ballet que l’on aimerait bien voir en France. Entre cette succession de divertissements, de pas de deux et de variations, la danse classique est à l’honneur. Un régal pour les yeux.



Une soirée avec l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris (05/04/14)

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Du 5 au 10 avril, les élèves de l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris présentent leur spectacle annuel sur la scène du Palais Garnier. Avec sa programmation plus qu'alléchante - Concerto en Ré, La fête des fleurs à Genzano, pas de six et Tarentelle de Napoli, Scaramouche et Yondering - il n'était pas question de louper le rendez-vous cette saison !

Elisabeth Platel et les élèves de l'Ecole de danse


Deux fois par an, les petits rats de l'Opera investissent la scène du Palais Garnier : fin décembre pour les démonstrations et au début du printemps pour le spectacle. Et chaque année, on ressort ébahi et impressionné par le professionnalisme de ses jeunes talents, si doués qui nous font partager leur plaisir et leur joie de danser. 
Cette année, le spectacle se divisait en deux parties. Une première plus académique débutait par le Concerto en Ré chorégraphié par la précédente directrice de l'Ecole de Danse, Claude Bessy. Pour "célébrer " la fin du règne de Brigitte Lefèvre, l'actuelle directrice de l'institution, Elisabeth Platel, a décidé de programmer cette pièce, entrée au répertoire de l'école de danse en 1977, qui a la particularité de réunir en scène la majorité des élèves de l'école de danse, de la sixième à la première division.  Au rythme de la partition de Bach, les petits rats exécutent ainsi les célèbres pas du langage classique. Dégagés, demi-pliés, jetés, échappés, pas de bourrés sont de la partie, sur demi-pointes pour les plus jeunes, sur pointes pour les plus grandes. Pour finir en beauté, les élèves des plus grands aux plus petits reviennent tous en scène telle une ribambelle, et dessinent un grand cercle. Ils se regroupent ainsi au centre de la scène, tandis que l'une des jeunes élèves de sixième division s'avance discrètement au centre du cercle. Et soudain, sur les derniers accords, elle apparaît au sommet de ce florilège de jeunes danseurs pour un tableau final plus qu'attachant.

Continuons sur cette lancée avec le pas de deux La fête des fleurs à Genzano. Une prouesse technique qui met en avant les qualités d'Anaïs Kovacsik et de son partenaire Chun Wing Lam. Tous les deux forment un joli couple et sont récompensés par de chaleureux applaudissements. La démonstration continue avec le pas de six et la tarentelle extraits de Napoli. Ces divertissements purement techniques sont destinés aux élèves des grandes divisions. Cette fois-ci les variations s'enchaînent. Toujours plus techniques, toujours plus impressionnants, toujours plus précis, les élèves sont brillants et montrent l'étendue de leurs possibilités techniques. Avec cette facilité presque déconcertante, ils exécutent les enchaînements. Seul bémol, l'exercice est un peu longuet et ces trente-cinq minutes sont certes riches en petites batteries mais s'éternisent un peu trop. 

Saluts de Scaramouche

Changement de style après l'entracte, avec une deuxième partie moins académique et plus dans l'artistique. José Martinez a une idée plus qu'original pour son Scaramouche. Spécialement créé pour l'Ecole de danse en 2005, ce ballet raconte ce qu'il peut bien se passer dans une salle de danse avant que le professeur arrive et que le cours commence. Et les petits rats ne manquent pas d'imagination! Les personnages de la Comedia Dell'arte entrent en scène avec en tête Scaramouche. Une fois de plus les élèves sont épatants ! Dotés d'une présence scénique incontestable, ils nous entraînent dans les coulisses du petit théâtre de la Comedia Dell'arte avec beaucoup de panache et pour le plus grand plaisir de la salle. Ils arriveraient presque à nous faire rire aux éclats. Colombine rêve de son côté aux grands ballets du répertoire et à Giselle dans un joli tableau romantique avant que la fête du carnaval investisse la scène de Garnier et nous entraînerait presque dans la farandole. Un grand bravo à tous ces élèves qui sont tout simplement extraordinaires. Quand aux costumes, réalisés par Agnès Letestu, ils sont comme toujours magnifiquement bien réussis. Coup de cœur pour les petits rats, gris et rose, qui sont tout simplement à croquer! 

La soirée se clôturait ensuite par une autre pièce emblématique : Yondering de John Neumeier. Uniquement dansée par des écoles de danse, elle revisite en sept tableaux le passage de l'insouciante jeunesse à la maturité, de la naissance du sentiment amoureux et la perte de la pureté. Une pièce où s'illustrent à nouveau les grandes divisions. On aime Molly, do you love me? ainsi que la grâce et la légèreté de Philippine Flahault. On se laisse entraîner par les rythmes irlandais et l'optimisme contagieux de Dancing on the river. On suit Marion Gautier de Charnacé virevolter autour de Julien Guillemard et Simon Le Borgne pour finir dans un sublime porté. De temps en temps, on reconnaît la signature de Neumeier avec les portés aériens qui ne sont pas sans rappeler ceux de La dame aux Camélias. Les élèves reviennent tous en scène pour un ultime tableau avant que le rideau ne se ferme.

Les spectacles de l'école de danse font partie de ces soirées que l'on oublie pas (malgré les placements peu avantageux de l'Arop) et que l'on ne regrette jamais. Bravo à tous les élèves, si brillants et talentueux, et à leur directrice, Elisabeth Platel pour avoir concocté ce programme si pertinent. Souhaitons leur une très belle continuation pour la suite des représentations et le meilleur pour la suite de leur scolarité et de leurs carrières respectives pour les plus grands. 

Soirée Jeunes danseurs (19/04/2014)

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Après l’École de danse début avril, c’était au tour des jeunes danseurs du ballet de l’Opéra de Paris de se présenter sur la scène du Palais Garnier du 18 au 22 avril dernier. Cette « promotion » 2014 a dévoilé de jolies personnalités, entre des talents confirmés ou émergents.



Tous les quatre à cinq ans, la Direction du ballet programme une soirée Jeunes danseurs dans le but de mettre en lumière de jeunes talents du corps de ballet. Celle-ci leur offre l'opportunité de se confronter à des rôles habituellement distribués à des solistes. Plusieurs extraits du répertoire : pas de deux, trio, duo sont ainsi présentés. Ces évènements sont toujours à noter dans le calendrier car ils permettent de découvrir non seulement de jeunes talents, mais aussi de (re)voir des pas de deux du répertoire peu donnés, voire oubliés. Cette année pourtant, lorsque la programmation a été dévoilée, beaucoup ont été déçus : un programme « maison » certes, mêlant chorégraphes issus du ballet, avec une connotation très moderne et une succession d’extraits proches chorégraphiquement parlant (Fugitif, Genus et Amoveo). Qu’à cela ne tienne, on court tout de même à cette soirée pour dévouvrir (ou redécouvrir) ces jeunes danseurs.

La soirée s’est ouverte avec Wuthering Heights de Kader Belarbi, ballet qui n’a pas été donné depuis 2007 et les adieux de Jean-Guillaume Bart à la scène. Le pas de deux  présenté, « duo des amours enfantines », montre Catherine et son frère adoptif Heathcliff, s’amusant, dans la tendre insouciance de l’enfance, à un instant où naissent progressivement les sentiments. Laura Bachman, qui s’était fait remarquée lors du concours de promotion en novembre dernier, y est particulièrement à son aise et campe un personnage mi-enfantin, mi-sauvage. A ses côtés, Takeru Coste dévoile un autre aspect de sa personnalité. Un duo réussi dans l'ensemble, même si, sorti de son contexte, cet extrait perd un peu de son intensité.
La soirée se poursuivait avec Les Enfants du Paradis de José Martinez et le pas de deux de Robert Macaire, réarrangé pour l’occasion. On retrouve dans cet extrait - ou plutôt divertissement - Hannah O’Neill et Mathieu Contat. L’extrait débute dans le noir, sans musique, tandis que l’on suit, telle une ombre chinoise, la silhouette gracile de la jeune danseuse. Puis, les enchaînements de pas se succèdent. L’un après l’autre, les deux danseurs entrent et sortent de scène, perturbant un public qui ne cesse d’applaudir sans trop savoir quel est le moment le plus approprié. Dotée d'une jolie technique, Hannah O’Neill, légèrement tendue au départ, montre une danse raffinée et en parvient même à éclipser son partenaire.
Après cet extrait des Enfants du Paradis, place à une chorégraphie plus complexe avec La Source, de Jean-Guillaume Bart. Trois jeunes danseurs sont en scène : Alice Catonnet (Naïla), Florent Mélac (Djemil) et Antoine Kirscher (Zaël). Un trio très propre, mais encore un peu vert. Si Alice Catonnet dévoile une certaine sensibilité, avec une danse à la fois douce et délicate, ses deux partenaires masculins semblent avoir plus de fil à retordre avec la chorégraphie. Florent Mélac est tout de même un Djémil viril, terrien, tandis qu’Antoine Kirscher est un Zaël bondissant (même si bien entendu, on est loin du Zaël aérien de Mathias Heymann).
Changement de ton avec Réversibilité de Kelemenis, pièce portée par la séduisante et élégante Jennifer Visocchi. La danseuse est accompagnée de ses deux partenaires Cyril Chokroun et Antonio Conforti. Le trio fonctionne, les danseurs ont du répondant. Une jolie découverte.
Cette première partie se clôturait avec l’un des pas de deux les plus connus du répertoire  (et l'un des plus repris lors des galas) : celui duParc de Preljocaj. Charlotte Ranson et Yvon Demol forment ce couple prêt à s'abandonner. Ils parviennent à donner un nouveau souffle à cet extrait, plus que revu et rabâché, qui constitue la dernière étape de la carte du tendre. Un beau moment de sensualité. Charlotte Ranson s’y illustre et son partenaire n’est pas en reste. Un soupçon d’alchimie supplémentaire entre les deux artistes aurait donné encore plus d’élan et d’éclat à ce long baiser volant.

La seconde partie de la soirée s’ouvrait avec Caligula de Nicolas Le Riche, rebaptisé pour l’occasion « Caligula et ses créatures ». Sans conteste, cet extrait fut l’une des plus belles prestations et interprétations de cette soirée. Un trio dément. Alexandre Gasse incarne parfaitement le personnage névrosé, fou à lier qu’est Caligula. Il s’investit totalement dans son personnage. Letizia Galloni est quant à elle une lune légère et aérienne, pleine de grâce. Enfin, mention spéciale à Germain Louvet (que le costume mettait particulièrement en valeur) pour sa variation plus que réussie et non dénuée d’humour d'Incitatus, le fidèle cheval de Caligula. Le danseur se l’est parfaitement approprié.

Changement de registre avec Quatre figures dans une pièce. Ici, le chorégraphe, Nicolas Paul, laisse libre cours à l’imagination du spectateur. Comme un huis clos, la pièce se déroule dans un espace restreint où quatre danseurs esquissent chacun à leur tour des mouvements dans un ordre précis. Tandis que certains écrivent de longues tirades sur le sol. « La vie, la mort » peut on lire. Pour certains, la pièce est dérangeante, perturbante. Pour d’autres, la gestion de l’espace, les enchaînements et les lignes formées par les corps sont intrigants, et même captivants. C’est vrai qu’en s’y intéressant de plus près, il y a une logique à démêler. Malheureusement pour ceux n’ayant pas réussi à entrer dans ce huis clos, les vingt minutes sont un peu longues.

Passons à nouveau à un autre style avec Fugitif de Sébastien Bertaud, présenté lors des soirées "Danseurs chorégraphes" et lors de galas. Sébastien Bertaud, sujet du ballet de l’Opéra de Paris, s’est directement inspiré de l’univers du chorégraphe britannique Wayne McGregor. Cette pièce, que j'apprécie particulièrement, dévoile les silhouettes longilignes et graciles de Lucie Fenwick et Mickaël Lafon, qui forment un duo fort bien assorti. L’alchimie entre les deux interprètes et bien présente, le duo fonctionne très bien. Les danseurs se cherchent, se trouvent, puis se fuient. Il s’en dégage une forme de sensualité et d’animalité.

Après Sébastien Bertaud, c’est cette fois-ci une chorégraphie de Wayne McGregor qui est présentée. Genus est l’un des pas de deux les plus réussis de cette soirée avec deux danseurs au physique de l’emploi : Juliette Hilaire et Hugo Marchand. La première fois que j’ai vu Genus à sa création en 2007, j’étais fascinée par les lignes et courbes que dessinaient les corps des danseurs. Mais aussi par l'esthétique de cette chorégraphie, originale et osée, à laquelle son chorégraphe et créateur s’était appliqué en poussant parfois les élongations à l’extrême. Le pas de deux entre Juliette Hilaire et Hugo Marchand a été travaillé dans les moindres détails par les deux danseurs et cela se voit. Ils sont en harmonie, dans le bon tempo, et donnent du sens au moindre geste. Une belle prestation.

Amoveo de Benjamin Millepied conclut cette soirée avec un couple de jeunes danseurs captivant. Léonore Baulac et Jérémy-Loup Quer surprennent, d’une part par leurs personnalités singulières et d’autre part par la mâturité de leurs interprétations. Ils ont tous les deux le sens du détail et de la beauté du geste. En quelques minutes, ils arrivent à nous raconter la rencontre entre leur deux personnages. Par le jeu des regards, ils créent cette tension qui s’exerce entre eux,. Ils dévoilent de plus une solide technique avec des portés plus que maîtrisés où Léonore Baulac vole littéralement dans les airs. L'un des plus beaux moments de cette soirée, avec deux interprètes confirmés.


Globalement, ce « cru 2014 » aura bien fait ses preuves. Certes, la programmation de cette soirée était décriée. Pas de Corsaire, ni de romantique Papillon... L'accent était mis sur le moderne et les chorégraphies maisons, ce qui est fort dommage vu le potentiel de la majorité des danseurs présents sur scène. Certes, les chorégraphies maison sont loin d’être toutes inintéressantes, mais varier les plaisirs, et les styles, n’est-il pas ce qui est attendu lors de telles soirées ? Autre question, est-ce que cette soirée reflète le répertoire actuel de la compagnie ? Et quel répertoire dansera-t-elle dans quelques années? Le Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied à venir au mois de mai à Bastille pourrait nous apporter quelques éléments de réponse.

Tous à l'Opéra - Edition 2014

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Les 10 et 11 mai, les opéras de France ouvrent à nouveau leurs portes dans le cadre de la nouvelle édition "Tous à l'Opéra".



Ce weekend les Opéras de France ouvrent leurs portes au public. Pour cette huitième édition, les spectateurs auront le loisir de visiter ces salles de spectacle, d'assister à des répétitions de grande production, de participer à des essayages de costumes, etc. Quant aux enfants, certains ateliers leurs sont dédiés. 
Du côté de Paris, les spectateurs pourront se tourner ce samedi 10 mai vers l'Opéra Comique qui prévoit visite et ouvre les portes de la répétition générale d'Ali-Baba ce soir. Tandis que le Théâtre des Champs-Elysées accueille le concert du parrain de cette nouvelle édition, le contre-ténor Philippe Jaroussky, à 15 heures. Le célèbre Théâtre de l'Avenue Montaigne propose également des visites guidées ainsi que divers ateliers. En revanche, service minimum pour l'Opéra de Paris où sont uniquement programmées des visites du Palais Garnier (en sachant que la salle de spectacle ne sera pas visible).
Plus d'informations sur le détail de la programmation de ces 10 et  11  mai sur le site de l’événement.

A l'affiche : Soirée Balanchine/Millepied

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Du 10 mai au 3 juin, le ballet de l'Opéra de Paris présente le programme Balanchine/Millepied à l'Opéra Bastille. Double événement avec d'un côté le retour de Palais de Cristal de Balanchine et la création attendue de Daphnis et Chloé, chorégraphiée par Benjamin Millepied, prochain directeur de la danse de la compagnie.

Saluts du Palais de Cristal




Il y a quelques semaines, la presse dévoilait les premières esquisses des costumes de Christian Lacroix pour la reprise du Palais de Cristal avant de publier les clichés de certains tutus. Le ballet a fait appel au célèbre couturier pour la confection des costumes de La Source de Jean-Guillaume Bart, trois ans auparavant. C'est en 1947 que le ballet entre au répertoire de l'Opéra de Paris, chorégraphié par l'américain George Balanchine sur la Symphonie en Ut de George Bizet. Pièce marquante dans l'histoire du ballet de l'Opéra, Palais de Cristal donne un nouvel élan à la compagnie. Elle sera dansée à maintes reprises. Sa jumelle, Symphonie in C sera créée au New-York City Ballet un an plus tard.
Sur l'immense scène blanche (et vide) de l'Opéra Bastille, quatre groupes de danseurs se succèdent. Tous parés des sublimes costumes scintillants signés Christian Lacroix, respectivement rouge, bleu, vert et rose "poudré" pour distinguer les quatre mouvements composant la Symphonie de Bizet. On retrouve ainsi le rouge pour suggérer le caractère de l'Allegro Vivo avec Amandine Albisson et Mathieu Ganio. Puis, le lyrisme du deuxième mouvement (Adagio) s'empare ensuite de la salle au son du hautbois. Un joli moment de poésie mené par Marie-Agnès Gillot (que l'on prend plaisir à revoir en scène) et Karl Paquette. Le rythme de cette Symphonie s'accélère et place au troisième mouvement avec l'Allegro Vivace dansé par Ludmila Pagliero et Emmanuel Thibault. Le quatrième mouvement ferme la marche avec Nolwenn Daniel et Pierre-Arthur Raveau, avant que chacun des groupes ne revienne en scène, pour un final majestueux, réunissant les quatre couleurs réunis dans des ensembles symétriques au sein de ce Palais de cristal.

Saluts de Daphnis et Chloé


Création attendue par le public, la relecture du mythe grec Daphnis et Chloé par Benjamin Millepied a beaucoup fait parlé d'elle ces dernières semaines. Primo, rappelons que le chorégraphe n'est autre que le futur directeur de la compagnie (il prendra ses fonctions à l'automne 2014). Secundo, entre les premières images des répétitions divulguées sur Twitter semaine après semaine, les articles dans la presse et la bande-annonce du spectacle, cette création a attisé la curiosité de nombreux passionnés. Ajoutons la très belle partition de Ravel et la scénographie confiée à Daniel Buren (à l'origine des colonnes à rayures noires et blanches de la place du Palais-Royal). Verdict ? Le ballet mérite le détour. Benjamin Millepied livre une chorégraphie à la fois poétique avec les nymphes légères se mouvant dans l'espace, mais aussi lyrique et sensuelle. La pièce est portée par le charisme des Étoiles Aurelie Dupont et Hervé Moreau (Chloé et Daphnis), le brio de l'aérien François Alu et les interprètes Eleonora Abbagnato et d'Alessio Carbone. Benjamin Millepied signe une pièce brillante. Une relecture interessante et intelligente, qui ne manque pas de mettre en avant les talents du corps de ballet (Léonore Baulac en tête, mais aussi Lydie Vareilhes, Marine Ganio, Lucie Fenwick, etc. côté filles et Allister Madin, Marc Moreau, Jeremy Loup Quer & co, côté garçon). 
Une soirée à ne manquer sous aucun prétexte (et que pour ma part, j'ai hâte de revoir). Deux autres distributions se succèderont avec dans les rôles principaux, Laetitia Pujol et Mathieu Ganio ainsi qu'Amandine Albisson et Mathias Heymann.




A l'affiche : soirée Nicolas Le Riche

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Dans le dernier numéro d'En Scène (magazine édité par l'Opéra National de Paris), Nicolas Le Riche retrace les grandes étapes de sa carrière et dévoile le programme de la fameuse soirée du 9 juillet. 

(c) Opéra de Paris


Comme le précise le danseur Étoile interviewé par l'acteur et dramaturge Guillaume Gallienne, il ne s'agira pas d'un adieu au sens propre du terme mais "d'un nouveau départ". Une "fin de contrat" comme le qualifie le danseur. 

Le mercredi 9 juillet prochain promet d'être une soirée riche et intense. Elle sera composée de : 
-l'entrée des Forains de Roland Petit ouvrira le bal.
- Le bal des cadets de David Lichine poursuivra cette soirée. Un élève de l'Ecole de danse y interprétera le rôle du tambour (dansé par Nicolas Le Riche alors qu'il était éleve)
- Un extrait de Raymonda, premier ballet remonté par Noureev en 1983 pour le ballet.
- L'Apres-midi d'un Faune de Nijnsky
- L'inoubliable Jeune et la Mort de Roland Petit
- des extraits de Suite of Dances de Jérôme Robbins. Le chorégraphe américain avait confié à Nicolas Le Riche la variation initialement créée pour Baryshnikov. 
- Caligula
- un pas de deux extrait d'Appartement (que l'Etoile devrait certainement danser avec Sylvie Guillem)
Le mythique Boléro de Maurice Béjart  devrait clôturer cette soirée en apothéose. 

En attendant, Nicolas Le Riche continue de sillonner la France dans le cadre de son programme Itinérance en compagnie de Clairemarie Osta, Russell Maliphant ainsi que des Etoiles Eléonora Abbagnato et Isabelle Ciaravola (en alternance). Il sera de retour à Paris au Théâtre des Champs-Elysées avec un programme Carte Blanche. 

Le danseur Étoile sera également Quasimodo les 30 juin, 3 et 5 (en soirée) juillet. 

Rencontre autour de Dances at a Gathering

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La dernière rencontre de cette saison 2013-2014 réunissait Héloïse Bourdon, Sabrina Mallem (Sujets) et Pierre-Arthur Raveau (Premier Danseur) pour une répétition publique autour de Dances at a Gathering de Jérôme Robbins, sous la direction de Clothilde Vayer.






"Ne cherchez pas d'argument dans Dances at a Gathering, il n'y en a pas. Pour Robbins ce ballet est un peu comme les Sylphides. Les danseurs ont envie de danser ensemble", insiste Clothilde Vayer. L'actuelle maître de ballet de l'Opéra de Paris et future maître de ballet associé à la direction de la danse dirigeait ce samedi 31 mai la répétition publique  du ballet de Robbins. Une séance de travail en trois temps. Celle-ci s'est ouverte avec le pas de deux de la Danseuse en jaune et du Danseur en brun, avec Héloïse Bourdon et Pierre-Arthur Raveau. Un moment léger, aérien et printannier où les deux danseurs virevoltent au son de la musique de Chopin. Héloïse et Pierre-Arthur répètent pour la première fois ensemble (Pierre-Arthur Raveau étant programmé avec une autre partenaire). Clothilde Vayer décortique avec eux le pas de deux dans les moindres détails, apportent ses corrections, insiste sur la fraîcheur et l'effet aérien qui doivent émaner de la chorégraphie. Clothilde invite les deux danseurs à se regarder et à dialoguer entre eux, tout en les poussant à se dépasser. Tandis que Pierre-Arthur Raveau semble déjà bien rodé, Héloïse Bourdon, qui a encore très peu répété ce passage, semble plus hésitante sur certains pas. Les deux danseurs forment un joli duo. Lui est plein d'attention pour sa partenaire. Elle danse avec cette délicatesse qui lui est propre. On regretterait presque qu'ils ne dansent pas ensemble, tellement leur complicité est évidente et le pas de deux gagne en fraîcheur avec eux. Clothilde Vayer congédie les deux danseurs. Ils dansent le soir même dans le Palais de Cristal de Balanchine. 

Sabrina Mallem prend place à son tour sur la petite scène de l'amphithéâtre Bastille. Elle interprète la Danseuse en vert. "Il s'agit de l'unique variation du ballet où une des danseuses s'adresse directement au public", explique Clothilde Vayer. Sabrina Mallem débute sa variation. Elle est supposée regarder l'intégralité de la salle, comme si elle disait bonjour à tout le monde. Mais Clothilde Vayer veille à ce qu'elle n'oublie personne et fait reprendre la danseuse. Car si la maître de ballet a toujours un regard bienveillant sur les danseurs, elle n'en est pas moins exigeante. Rigueur de la transmission oblige. Clothilde Vayer a en effet dansé elle-même ce rôle et tient à respecter les moindres intentions du chorégraphe. Une fois entrée en scène, elle doit faire mine que quelqu'un marche sur sa robe. Elle part ensuite dans une variation aux influences tantôt espagnoles, rappelant parfois l'univers de Broadway et des comédies musicales. Sabrina Mallem s'exécute, avec panache et une grande classe. La danseuse en verte doit dégager plus de maturité. Ce n'est pas une jeune fille, mais une femme. Sabrina Mallem tient son rôle à merveille.
La danseuse présente ensuite un autre extrait du ballet : lorsque la Danseuse en vert se retrouve avec trois des danseurs du groupe. Tandis que trois des danseurs traversent la scène, Sabrina Mallem est supposée les aguicher. Mais ces derniers traversent la scène, chacun leur tour, sans répondre aux avances de la jeune fille. La danseuse virevolte autour d'eux, leur sourit, leur parle, sans succès. Après avoir demandé l'aide (finalement déclinée) de Fabrice Bourgeois, assistant-maître de ballet, présent dans la salle, Clothilde Vayer prend la double casquette de répétitrice et de "danseur".  Tout se joue dans les regards, les gestes. Comme l'explique Clothilde Vayer, si le garçon est sympa et marche lentement. Sinon, la tâche est plus délicate car la danseuse ne s'arrête jamais. Elle finit par se retrouver seule en scène et à danser pour elle, la variation de termine avec une jolie pointe d'humour. Conclusion : Sabrina Mallem est indéniablement une danseuse à découvrir dans ce rôle en scène.

La répétition s'achève sur ces dernières notes. Clothilde Vayer félicite sa danseuse, sans oublier la pianiste du jour, Vessela Pelovska, qui, comme le rappelle Clothilde Vayer, est seule en scène pendant une heure alors que les danseurs sont tout un groupe à danser. En guide de dernière anecdote, elle raconte comment les danseurs avaient été perturbés quand Robbins leur disait de regarder au loin à la fin du ballet. "-On regarde quoi?", demandaient-ils. "-Le public?" -"On regarde au loin, c'est tout", répondait le chorégraphe. Enfin, pour clôturer cette ultime répétition de la saison, la danseuse invite à venir voir le ballet plusieurs fois. L'atmosphère variant selon les distributions.

Une (nouvelle) soirée avec Balanchine et Millepied

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Retour sur la soirée Balanchine / Millepied du jeudi 29 mai avec le Palais de Cristal et l'impériale Agnès Letestu, suivie d'une distribution exaltante de la deuxième distribution de Daphnis et Chloé.

Saluts du Palais de Cristal


Au fil des distributions et des représentations, le Palais de Cristal de George Balanchine n'a pas la même allure. Les quatre mouvements qui composent la Symphonie en Ut de Bizet sont plus ou moins longs. Deux raisons à cela : les solistes et le corps de ballet en demi-teinte (avec la présence de nombreuses surnuméraires et élèves de l'Ecole de danse venues en rescousse au ballet). Malgré tout, le Palais de Cristal et sa rigueur académique conservent leur charme grâce à l'élégance et au raffinement d'Agnès Letestu, invitée à l'occasion de cette série. La danseuse étoile, qui avait fait ses adieux en début de saison, montre l'étendue de son talent et sa présence (indiscutable) sur scène dans ce romantique deuxième mouvement. Dommage que son partenaire, Vincent Chaillet, ne la mette pas plus en valeur. Les tours sur pointes en demi-pliés en ont pâtit. Autre belle surprise de cette soirée, le troisième mouvement avec la ravissante Héloïse Bourdon. Dans ce mouvement redoutable, dû en partie à la rapidité de la musique, il arriven que les danseurs ne soient plus en mesure. Ce jeudi, Héloïse Bourdon s'est montrée musicale et rayonnante en scène. Son partenaire, Audric Bezard, était loin d'être en reste. Amandine Albisson et Josua Hoffalt ont dansé l'Allegro avec caractère et entrain. Malgré leur solide technique, ce premier mouvement manquait de piquant et était un peu longuet sur la fin. Dans le quatrième mouvement, Valentine Colasante et Alessio Carbone se retrouvaient avant d'être rejoints sur scène par l'ensemble des danseurs pour un final "scintillant".

Agnès Letestu et Vincent Chaillet

Amandine Albisson et Josua Hoffalt

Héloïse Bourdon



Avec Daphnis et Chloé, Benjamin Millepied signe sa troisième création pour le ballet de l'Opéra de Paris. Ce ballet captive par l'adéquation entre la chorégraphie, dans laquelle on retrouve les influences américaines, la scénographie de Daniel Buren et la musique de Ravel. Le chorégraphe et futur directeur du ballet avait prévenu. Il adapterait ses chorégraphies en fonction des danseurs, de leur personnalité et de leurs propositions. L'effet est visible avec la seconde distribution de cette création réunissant Laëtitia Pujol et Mathieu Ganio. Les deux Étoiles nous transportent dans leur univers. 

Laetita Pujol (Chloé), Mathieu Ganio (Daphnis)
et Léonore Baulac (Lycenion)

L'histoire de leur Daphnis et Chloé est palpable et on se laisse guider le long de la partition de Ravel. Leur danse est plus expressive et plus exaltée. Les sensations et émotions sont sensiblement différentes du couple formé par Aurélie Dupont et Hervé Moreau. Il faut dire que depuis quelques saisons, ce couple se retrouve souvent en scène (Roméo et Juliette et La Dame aux Camélias entre autres) et fonctionne plutôt bien. Laetitia Pujol a tendance à extérioriser ses sentiments et à apporter beaucoup de nuances à sa danse. Quant à Mathieu Ganio, avec son air juvénile, il offre une danse élégante et pure. Son interprétation est toujours juste et au plus près du personnage.  Ils donnent une énergie nouvelle au pas de deux du lever du jour. Bien entendu, l'amour naissant de ces jeunes tourtereaux est remis en question par des éléments perturbateurs. D'abord Dorcon, incarné par un Marc Moreau très en forme, qui s'entiche de Chloé. Lycenion interprétée ce soir là par Léonore Baulac (qui remplaçait Eve Grinsztajn) s'attaquera quant à elle Daphnis. Le pas de deux Daphnis/Lycenion de ce jeudi 29 mai restera d'ailleurs en mémoire, avec une Léonore Baulac se révélant être une séductrice redoutable. Bryaxis s'en mêlera aussi et viendra enlever Chloé. Dans ce rôle, Pierre-Arthur Raveau fait ressortir la noirceur de son personnage. Il livre une prestation différente de François Alu mais pas moins inintéressante. Enfin, n'oublions pas les gracieuses nymphes et les lumineuses Amélie Joannides, Marine Ganio, Lydie Vareilhes. L'un des moments doux et poétique de cette pièce étant lorsque les nymphes redonnent vie à Daphnis, étendu sur la scène. Autre beau moment, lorsque les danseurs reviennent tous en scène, dans un final haut en couleur, insufflant une énergie nouvelle.

Saluts de Daphnis et Chloé



Défilé du Ballet : saison 2013-2014

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Les représentations des 19 et 21 juin réunissant les chorégraphies de Jérôme Robbins et Alexeï Ratmansky s'ouvraient avec le traditionnel défilé du ballet sur la Marche des Troyens d'Hector Berlioz. Un moment à la fois solennelle et émouvant, où le foyer de la danse est exceptionnellement ouvert au public et illuminé, alors que la plus jeune élève de l'Ecole de danse s'élance sur cette scène majestueuse. 



Le défilé du ballet de l'opéra et des élèves de l'école de danse reste un rendez-vous annuel dont on ne se lasse pas (le premier défilé restant toujours en mémoire). Tandis que certains se prêtent au jeu de l'applaudimètre, d'autres viennent saluer et remercier chaleureusement ces grands artistes. Belle ovation cette année pour Nicolas Le Riche, qui défilait pour la dernière fois.  Morceaux choisis.

Leatitia Pujol, Nicolas Le Riche, Aurélie Dupont

(Suite des photos à venir...)

Soirée Robbins / Ratmansky (21/06/14)

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Dernière soirée de ballet présentée à Garnier pour cette saison 2013-2014, la soirée Robbins / Ratmansky réunit Dances at a Gathering et Psyché. Les représentations des 19 et 21 juin étaient précédées du défilé du ballet.



Si le 21 juin marque chaque année le début de l'été et la fête de la musique, cette année cela aurait pu également porter également le nom de fête de la danse, tant les danseurs de Dances at a Gathering nous ont transporté. Entré au répertoire de la compagnie en 1991, ce ballet de Jérôme Robbins est à l'origine le deuxième entièrement chorégraphié sur la partition de Chopin (après The Concert).
Ce petit bijou donne une bouffée d'air frais avec ces danseurs évoluant tour à tour en solo, duo ou trio. Un bel hommage à la danse américaine avec pour cette soirée du 21 juin une distribution merveilleuse. Coup de cœur pour le danseur en brun campé par le très charismatique Mathieu Ganio (très en forme!). L'Etoile enchante avec sa danse élégante et inspirée. Que ce soient dans la première Mazurka, dans le pas de deux avec la danseuse en rose (dansée par Ludmila Pagliero), dans son dernier solo ou dans la séquence "Big Dog, Little Dog" en duo avec Karl Paquette, il nous communique son plaisir et sa joie de danser, tout en nous gratifiant d'une technique irréprochable et d'une danse majestueuse. Le danseur n'est pas seul en scène. 

Mathieu Ganio (danseur en brun)


Aurelie Dupont est une danseuse en vert piquante, à la fois malicieuse et touchante dans la séquence dite "Walk Waltz". On aime également le charme et la délicatesse de Ludmila Pagliero, les belles arabesques d'Amandine Albisson, très à l'aise elle aussi dans du Robbins. Sans oublier la fraîcheur de Charline Giezendanner (danseuse en bleue) et la vivacité de Nolwenn Daniel (danseuse en jaune). Côté garçons, Karl Paquette est un solide danseur en mauve, Josua Hoffalt un talentueux danseur en vert. Tandis qu'Emmanuel Thibault  sied bien au rôle du danseur en rouge brique. On ne peut se lasser de la fraîcheur qui se dégage de ce ballet, de cette spontanéité et de cette joie que nous communiquent les danseurs. On valse avec les uns, sourit avec un autre, s'émerveille devant ces mouvements si fluides et si bien esquissés. Les soixante-trois minutes de ballet passent à toute allure. On en redemanderait presque encore... 

Saluts de Psyché

Après sa création en septembre 2011, cette soirée se poursuit avec la reprise de Psyché de Ratmansky. Après l'ambiance "champêtre" de Dances, place à un univers onirique et merveilleux. Si les costumes et les décors paraissent toujours un peu kitchs (à noter que certains costumes ont été bien allégés depuis la création), le ballet reste intéressant sur le plan chorégraphique, notamment les pas de deux réunissant Éros et Psyché ainsi que les solos de Venus. Côté distributions, cette reprise s'ouvre avec remaniement quasi complet pour les rôles titres, avec pour ces premières soirées Laëtitia Pujol et Marc Moreau en Psyché et Éros. Laëtitia Pujol s'avère très à son aide dans ce rôle. Elle incarne une Psyché entière, avec une interprétation nuancée montrant bien l'état d'esprit et les mœurs de son personnage. À ses côtés, Marc Moreau est un bel Eros, peut-être encore un peu fébrile sur le plan technique mais qui devrait être de plus en plus à son aise et se dévoiler encore plus sur le plan artistique au fil des représentations. Quant à Alice Renavand, elle reprend avec succès le rôle de Venus, vêtue cette fois-ci d'une belle robe rouge. Le rôle de la déesse de l'amour lui va comme un gant. Le corps de ballet, majoritairement composé de Coryphés chez les filles et de sujets pour les garçons, n'est pas en reste. On repère à nouveau les gracieuses et longilignes Léonore Baulac, Lydie Vareilhes et Marion Barbeau. Sans oublier, Sébastien Bertaud, Alexis Renaud et Axel Ibot chez les garçons.

  1. Laetitia Pujol, Marc Moreau et Alice Renavand


En un mot, une excellente soirée avec une première partie de haut niveau et une distribution très convaincante.

À noter que cette soirée sera diffusée ce vendredi 27 juin en direct sur Mezzo et sur Culture Box. 

Notre-Dame de Paris, Bullion-Renavand-Bezard-Magnenet

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Depuis le 30 juin dernier, le ballet de l'Opéra de Paris reprend Notre-Dame de Paris de Roland Petit. Porté disparu des programmations depuis 2001, le ballet fait en cette fin de saison son retour sur la scène de Bastille. Alors que cette série est marquée par les adieux de Nicolas Le Riche, retour sur la distribution réunissant Stéphane Bullion (Quasimodo), Audric Bezard (Frollo) et Florian Magnenet (Phoebus) autour de la belle Esmeralda, campée par Alice Renavand.

Saluts de Notre-Dame de Paris



Ballet aux couleurs flamboyantes, à la scénographie - certes datée mais impressionnante par sa grandeur et par l'ingéniosité des décors de René Allio-, Notre-Dame de Paris mêle danse, théâtre et musique autour de la partition de Maurice JarreRoland Petit y condense en une heure et demie l'histoire du roman phare de Victor Hugo. Dans le Paris du Moyen-Âge, des abords de la Cathédrale au fin fond de la Cour des Miracles, le chorégraphe réunit les quatre personnages principaux, à savoir Esmeralda, Quasimodo, Frollo et Phoebus. 
Pour cette matinée du 5 juillet, les protagonistes - respectivement Alice Renavand, Stéphane Bullion, Audric Bezard et Florian Magnenet - ont formé un quatuor homogène équilibré, incarnant des personnages à l'interprétation intéressante et bien dosée. 
Alice Renavand est une Esmeralda voluptueuse, séductrice et charnelle. Personnage central, elle a cette façon d'intéragir différemment chaque personnage, d'apporter des nuances dans son jeu, créant ainsi une alchimie différente avec chacun d'entre-eux. Elle est attachante avec Quasimodo, séductrice avec Phoebus, mal à l'aise avec Frollo, puis terrorisée lors de la scène du cauchemar. 
Stéphane Bullion est quant à lui un Quasimodo convaincant. Personnage torturé, ces gestes contraints révèlent sa soumissions aux ordres de Frollo. Il exécute cette succession de mouvements saccadés dans cette enveloppe difforme, son épaule relevée et prend peu à peu conscience de combien il a été berné et manipulé. Il sauve alors la belle gitane des griffes du peuple. Dans le costume de l'affreux, il dégage une sensibilité. Son personnage en est attachant. Son pas de deux, très tendre, avec Esmeralada est l'un des plus beaux instants de cette représentation.
De son côté, Audric Bezard et sa silhouette longiligne interprètent le personnage torturé et glacial de Frollo. Le danseur y fait ressortir toute la noirceur et la complexité du personnage. Cette tension et ce désir de la chair, qui le hantent, émanent de ces mouvements à la fois impeccable et amples, contrastant avec les mouvements saccadés et la perte de contrôle de cette main, qui lui échappe brusquement et tourne dans tous les sens. Une interprétation fine et une très belle prestation ! Quant à Florian Magnenet, il tient plutôt bien le rôle du beau gosse à la perruque blonde et au costume quelque peu ridicule. Le séducteur qu'il incarne ne résiste pas au charme d'Esmeralda. Une note d'humour supplémentaire aurait parfait son jeu d'acteur. 


MAIS ce qui fait sans aucun doute la force de ce ballet sont les ensembles de danseurs avec ses mouvements frénétiques à l'unisson. Il faut dire que pour cette série le corps de ballet est très en forme. La fête des fous est une bonne entrée en matière avec un Hugo Vigliotti spectaculaire et bondissant. Vêtus de leurs costumes colorés (signés Yves Saint Laurent), censés rappeler les vitraux de Notre-Dame, les danseurs exécutent les mouvements à la mesure près. Une synchronisation totale. Une belle énergie. De la fête des fous, on passe à l'ambiance inquiétante de la cour des miracles, jusqu'à l'ultime condamnation d'Esmeralda. Telle une pièce maîtresse, le corps de ballet est l'une des forces de ce ballet.  La scène du procès de l'attaque de la cathédrale sont des tableaux qui restent gravés dans les mémoires. Forts et intenses, tels des scènes de films, ils sont en osmose totale avec la musique. Ce ballet est construit tel un scénario, bien ficelé. Quand certains tableaux prêtent à sourir (pensez aux petits soldats), d'autres vous émeuvent. Illustration avec la scène finale où Quasimodo étrangle Frollo alors qu'Esmeralda vient d'être condamnée. Les derniers instants du ballet où Quasimodo tient le corps inanimé et si léger de la gitane est si belle qu'elle en devient particulièrement émouvante. Une fin tragique, un tableau poignant.

 

Soirée exceptionnelle Nicolas Le Riche, 9 juillet 2014

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Le 19 décembre 1998,  j'assistais à ma première représentation à l'Opéra. La Bayadère avec Nicolas Le Riche dans le rôle de Solor. Le 9 juillet 2014, j'étais présente pour la soirée d'adieux - ou plutôt d'au revoir - de cet artiste à l'Opéra Garnier. Retour sur cette belle soirée, émouvante et intense.

Nicolas Le Riche saluant une dernière fois son public.

Une soirée de gala retraçant les grands moments de sa carrière, c'est ce que Nicolas Le Riche a souhaité. Une soirée mettant à l'honneur Roland Petit, Maurice Béjart, Rudolf Noureev et Mats Ek. Des chorégraphes et des rencontres qui ont marqué sa carrière d'étoile, des personnalités avec lesquelles il a travaillé, grandi, évolué. Cette soirée en trois temps, avec ses moments plus intenses, laissera un beau souvenir dans les mémoires des nombreux spectateurs venus célébrer une toute dernière fois Nicolas Le Riche, sa générosité, sa soif et sa joie de danser.



En guise d'entrée en matière, la soirée s'est ouverte avec Mathieu Chedid. Un duo, furtif pas de deux, entre l'étoile et le chanteur. Une chanson, "Où aller ?" qui dans son contexte prend tout son sens. La mise en scène est simpliste. Du fond de la scène, Nicolas Le Riche esquisse des mouvements, et s'empare peu à peu de la scène de Garnier. La chorégraphie pourrait paraître presque banale, mais elle ne l'est pas. Classique, puis plus contemporaine, on reconnaît de temps à autre des pas extraits des grands rôles que le danseur a interprété tout le long de sa carrière.

Saluts de la soirée de gala

La suite laisse place à la danse et à un extrait des Forains de Roland Petit. Moment symbolique, le danseur revient en scène avec les élèves de l'école de danse pour l'ouverture du ballet de Roland Petit. Le rideau du chapiteau installé, le danseur viendra lui même annoncé le nom du jeune Francesco qui a dansé avec panache la variation du tambour du Bal des cadets, l'un des premiers rôles de soliste que Nicolas Le Riche a tenu alors qu'il était encore à l'Ecole de danse. Les jeunes élèves sont rapidement chassés par les sarrasins et les danseurs du tableau de Raymonda de Noureev. Cet extrait, si peu dansé, était le seul bémol de cette soirée. peu de danse était présente dans cet extrait. Les variations des solistes, les étoiles Dorothée Gilbert et Stéphane Bullion, ont été retirées. Les étoiles n'étant pas en grande forme, ce sont plus les demi-solistes qui ont fait preuve de dynamisme avec notamment les charismatiques Aubane Philbert et Allister Madin, suivis de Daphné Gestin et Yann Saïz.
Après une courte pause, retour dans l'ambiance du début du XXième siècle et des ballets russes avec l'Après-midi d'un faune de Nijinski. Un rôle dans lequel le félin Nicolas Le Riche s'est s'y souvent illustré. Ce soir là, le faune était interprété par Jérémie Bélingard (de retour sur la scène de Garnier) au côté de la séduisante Eve Grinsztajn.

Eléonora Abbagnato et Nicolas Le Riche

C'est après l'entracte que la soirée a décollé, lorsque le rideau s'est ouvert sur Nicolas Le Riche et sa salopette dans le décor du Jeune homme et la mort. Même en l'ayant vu plusieurs fois, on ne peut se lasser de cette pièce emblématique que Roland Petit a confié lui-même au danseur Étoile. Et à chaque fois, l'émotion est aussi forte, intense. Comment le regard ne peut-il pas être captivé par l'énergie que dégage le danseur, par cette puissance, cette présence scénique incroyable et cette tension qui émanent de cette pièce. En déséquilibre, il bondit, vole, se raccroche à la table. Eléonora Abbagnato est là également. Elle incarne la mort. Séductrice fatale. Cette prestation du jeune homme restera à nouveau gravée dans les mémoires avec deux artistes au sommet. Une ovation accueille, plus que méritée, accueille les deux interprètes à la fin de la pièce.

Sylvie Guillem et Nicolas Le Riche

La troisième et ultime partie s'est ouverte avec le pas de deux de la porte extrait d'Appartement de Mats Ek. Un moment légendaire puisque pour l'occasion Nicolas Le Riche avait convié Sylvie Guillem. Les deux interprètes se retrouvaient pour le pas de deux de la porte, deux êtres qui se cherchent, se retrouvent, puis se cherchent à nouveau. Un autre grand moment de cette soirée.

Après le discours bien orchestré de Guillaume Galienne, un extrait de Caligula, chorégraphié par Nicolas Le Riche lui-même était présenté. Audric Bézard s'est illustré dans le rôle du cheval Incitatus, aux côtés de Mathieu Ganio dans le rôle de Caligula. Dommage que le danseur étoile n'ait pas eu un peu plus à danser.

Josua Hoffalt, Nicolas Le Riche et Karl Paquette après le Boléro

Cette soirée s'est terminée en apothéose avec le Boléro de Maurice Béjart. La toute première fois que j'ai vu ce Boléro avec Nicolas Le Riche je suis restée scotchée, presque tétanisée, transportée... Ce mercredi 9 juillet, c'est une autre émotion qui m'a gagnée. Par ce Boléro, Nicolas le Riche transmettait ce qu'il avait de plus cher : ce bonheur de danser, cette sincérité. Le Boléro du 9 juillet restera dans les mémoires car il prenait une signification toute particulière. Personne n'oubliera ce sourire irradiant la scène qu'affichait le danseur jusque dans les derniers mouvements. Un beau cadeau d'au revoir. 

Le boléro s'est bien entendu terminé sur une ovation de trente minutes, avec le Palais Garnier debout, ne se lassant pas d'applaudir et de célébrer le danseur étoile. Des "Nicolas, Nicolas"fusaient de part et d'autre de la salle. Un bel hommage, une belle fête pour célébrer ce grand artiste. Entre paillettes et confettis, parmi les moments émouvants de cette soirée, on se souviendra de Claude Bessy, venue en scène saluer l'artiste, puis prendre Sylvie Guillem dans ses bras.


Applaudissements chaleureux pour Nicolas Le Riche

Une page qui se ferme. Rendez-vous au mois de novembre au théâtre des Champs-Elysées pour la carte blanche.

Étés de la danse : un après-midi avec le San Francisco Ballet

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En villégiature au Théâtre du Châtelet jusqu’au 26 juillet prochain, le San Francisco Ballet est de retour dans la capitale dans le cadre de la dixième édition du festival Les Étés de la danse. Dans ses bagages, pas moins de 19 ballets, du classique au plus contemporain, pour un quota 18 représentations, c’est presque un marathon que nous offre la plus ancienne compagnie des Etats-Unis. Celle qui avait inauguré le festival de danse en 2005 nous propose des programmes riches, denses et variés. L’occasion de découvrir des pièces inédites en France, ou de découvrir une nouvelle interprétation de ballets bien connus. Résumé du cours public et de la matinée du 19 juillet.




Commençons par le commencement... l’échauffement. Chaque année, le festival des Étés de la danse propose d’assister à un cours public de la compagnie invitée. Ces séances d’une heure et quart permettent de voir les deux grandes phases d’un cours de danse classique, à savoir la barre et le milieu. Quel passionné(e) résisterait à l’envie d’assister à un cours de professionnels ? Une chance, ce samedi 19 juillet, le cours est donné par le directeur de la compagnie : Helgi Tomasson. Les spectateurs sont au rendez-vous avec un parterre quasiment plein, et quelques danseurs de l’Opéra par-ci par là. La barre débute avec les « pliés », si délicieusement prononcé par le directeur et son accent américain. Dégagés, ronds de jambe, fondus, frappés, etc. suivront. A la fois exigeant et paternel, Helgi Tomasson veille sur ses danseurs et les corrige si nécessaire. Bien entendu, on ne peut passer à côté de Mathilde Froustey, placée au premier rang de la barre, avec son joli pull à l’effigie du drapeau américain, concentrée et appliquée. Inutile de dire que lorsque l’on assiste à une telle séance, l’envie de danser revient vite (surtout en ce mois de juillet où les cours sont fermés) et que l’on ressent ces petits fourmillements dans les jambes. On aurait presque envie de rejoindre les danseurs sur scène, même si l’on est loin (très loin même) d’avoir le niveau requis. Après la barre, place au milieu. Il est toujours fascinant de voir à quelle vitesse les danseurs enregistrent et assimilent les enchaînements. Les grands sauts clôturent le cours. La prochaine représentation ayant lieu à 15 heures, les danseurs et le public applaudissent une dernière fois le directeur, tandis qu’à l’arrière de la scène, Yuan Yuan Tan a déjà revêtu sa robe pour répéter le troisième pas de deux d’In the Night.



15 heures. Après s’être ravitaillée, retour dans la grande salle du Théâtre du Châtelet pour une représentation du San Francisco Ballet. Cette matinée s’ouvre avec ClassicalSymphony de Yuri Possokhov. Sur la Symphonie n°1 en ré majeur de Prokofiev, les danseurs alternent entre enchaînements classiques et ondulations marquées du haut du corps. Avec leurs tutus jaunes (qui rappellent de loin les costumes des danseuses dans Approximate Sonata de William Forsythe), les danseurs forment des ensembles qui se déconstruisent subtilement pour prendre une nouvelle configuration. Dans cette démonstration technique où l’on perçoit l’influence balanchinienne, les danseurs débordent d’énergie et de vivacité. Les enchaînements sont vifs et rapides, le style épuré. Parmi les couples de solistes, on repère la talentueuse Frances Chung et sa belle technique.


Saluts de Classical Symphony

Changement d’ambiance après l’entracte et place au romantique In the night de Jérôme Robbins. Après avoir vu Dances at a gatheringà l’Opéra en juin dernier, replongeons dans l’univers poétique de Chopin. Le long de cette ballade nocturne, trois couples, à trois stades de l’existence, se succèdent au son des célèbres nocturnes. In the night a souvent été repris, les six danseurs du San Francisco Ballet y apportent leur touche personnelle. Le premier pas de deux est l’occasion de découvrir Mathilde Froustey en tant que Principal de la compagnie américaine. Sujet de l’Opéra de Paris, la danseuse française a récemment annoncé qu’elle resterait au sein de la compagnie américaine pour une année supplémentaire. Elle et son partenaire, Ruben Martin Cintas, nous offrent un pas de deux doux et tendre, à l’image de ce premier pas de deux renvoyant à la tendresse et à l’insouciance de la jeunesse. Sur scène, Mathilde Froustey est épanouie et rayonne. Dans le second pas de deux, c’est Sofiane Sylve, autre française du San Francisco Ballet, qui capte l’attention par sa prestance. Très élégante, elle en effacerait presque son partenaire, Tilt Helimets. C’est l’opportunité de découvrir ce pas de deux, dit de la sérénité, sous un nouvel angle. Les deux danseurs lui apportent une certaine chaleur. Le troisième pas deux est l’occasion d’admirer les magnifiques ports de bras de Yuan Yuan Tan aux côtés du danseur Damian Smith. Les deux solistes interprètent ce couple passionné et fougueux.

Troisième ballet présenté lors de cette matinée, Within the golden hour de Christopher Wheeldon. Au son des cordes d’Ezio Bosso, le chorégraphe nous plonge dans une ambiance contrastant avec l’univers des deux extraits précédents. Les danseurs arborent ici des costumes dans des tons verts, ambre et bleu ciel, les mouvements sont plus lents et les pas de deux plus évocateurs et sensuels. La chorégraphie s’appuie solidement sur la technique classique, comme si son créateur en explorait l’univers. Si certains passages traînent parfois un peu en longueur, d’autres son plus enthousiasmants comme le tableau réunissant Maria Kochetkova et Vitor Luiz. On ne peut que rester subjugué par la prestation de la danseuse principale qui s’illustre non seulement par sa technique brillante et fluide mais aussi par sa présence lumineuse en scène. Un joli tableau.

Avec son énergie débordante, la venue du San Francisco Ballet est l’un des évènements danse de l’été à ne pas manquer. Il vous reste encore une petite semaine pour découvrir ou redécouvrir cette compagnie. Les programmes sont différents d’un soir à l’autre, certains inédits. Et pour ceux désireux d’en savoir plus sur le San Francisco Ballet, lisez l’intéressant et pertinent interview de Mathilde Froustey sur le site Danses avec la Plume.





Concours de Varna : trois danseurs de l'Opéra médaillés

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Le palmarès du concours de Varna a été dévoilé en ce début d'après-midi. Bonne nouvelle pour les trois danseurs de l'Opéra, ils repartent chacun avec une médaille. Hannah O'Neill empoche l'argent, tandis que son partenaire, Jérémy-Loup Quer, décroche le bronze. Belle récompense également pour Hugo Marchand qui concourrait en solo, il repart avec une jolie médaille de bronze.

Hannah O'Neill et Jérémy-Loup Quer


Félicitations à ces trois danseurs très prometteurs ! Hannah O'Neill s'est notamment fait remarquer lors du concours de promotion en novembre 2013, et plus récemment lors de la soirée Jeunes danseurs dans un extrait des Enfants du Paradis de José Martinez. Une soirée au cours de laquelle s'est également illustré Jérémy-Loup Quer dans Amoveo de Benjamin Millepied. Le danseur avait déjà effectué de belles prouesses lors du spectacle Désordres avec le groupe 3ème étage mené par Samuel Murez. Pour la finale, les deux danseurs ont interprété le pas de deux de l'Acte III de Don Quichotte.
Quant à Hugo Marchand, le danseur a montré toutes ces qualités de danseur classique lors de la deuxième partie finale (retransmise hier soir en direct sur internet) avec deux variations impeccables extraites d'Etudes et de Paquita. Trois danseurs à suivre incontestablement.

Hugo Marchand lors de la finale de Varna hier soir

Le concours de Varna fêtait cette année ces cinquante ans. Célèbre pour son décor de végétation, il a récompensé les plus grands noms de la danse parmi lesquels figurent entre autres Sylvie Guillem, Patrick Dupond, Mikhaïl Barychnikov, Vladimir Vassiliev... C'est un beau tremplin pour les jeunes danseurs qui concourent dans deux catégories : junior ou sénior. Mathilde Froustey y avait emporté la médaille d'or (elle concourrait alors aux côtés de Josua Hoffalt).

Pour finir la compétition en beauté, le gala des lauréats se tiendra ce soir sur la scène bulgare.

Le palmarès intégral sur la page Facebook de l'IBC Varna.

Saison 2013-2014 : Clap de fin

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La saison chorégraphique 2013-2014 touche à sa fin. L'occasion de revenir sur les moments forts de cette année, ponctuée par de nombreux évènements danse. Entre grandes émotions, révélations, regrets, « flop »... comme chaque année, le bilan est assez hétérogène. Il faut dire que cette saison s'annonçait particulière pour le ballet de l’Opéra de Paris, avec pas moins de trois soirées d'adieux d'Etoile programmées (et pas n’importe quelles Etoiles). Entre les soirées renvoyées aux oubliettes, les souvenirs impérissables qui resteront à jamais gravés dans nos vies de balletomanes, voici un bilan personnel (non exhaustif) de ces douze derniers mois.

Isabelle Ciaravola lors de ses adieux en février dernier




Parmi les plus beaux instants de cette saison, s'il y a une date qui restera gravée dans les mémoires de nombreux balletomanes, c'est bien la soirée d'adieux d'Isabelle Ciaravola le 28 février dernier. Aux côtés d'Hervé Moreau, cette interprète hors-pair nous a tour à tour fait rêver, émus et bouleversés. C'est une Etoile (avec un E majuscule) au sommet, qui a tiré sa révérence ce soir-là. Un dernier salut dans le rôle dans lequel elle a été nommée quatre ans plus tôt. Les vingt minutes d'acclamation qui ont suivies cette représentation étaient amplement méritées. Une soirée touchante, sincère et émouvante avec un public fidèle venu en grande masse spécialement pour rendre hommage à cette belle artiste. Un des plus beaux instants de cette saison. Pour ma part, cette grande artiste aura à tout jamais marqué des rôles comme Tatiana, Marguerite Gautier (La dame aux Camélias, Neumeier), Manon (L'Histoire de Manon, MacMillan) et je garderai un souvenir fort de chacune de ses apparitions.



Revenons à présent aux grands classiques avec la reprise tant attendue (depuis neuf ans quand même) de La Belle au bois dormant à Bastille. Avec ses décors fastueux, grandioses et la partition féérique de Tchaïkovsky, qui pouvait résister au charme du ballet des ballets ? Une production qui nous a fait passer de belles fêtes de fin d’année. L'adage à la rose vibrant d'Amandine Albisson lors de sa
prise de rôle réussie le 21 décembre dernier ou encore la variation du lente au deuxième acte du prince de Mathieu Ganio. Enfin, scotchée par la prestation de Myriam Ould Braham et Mathias Heymann dans les rôles titres (vue en retransmission) ou encore la merveilleuse fée d'Eve Grinsztajn.

Du côté du néoclassique, n’oublions pas la dernière série du plus romantique des ballets : La Dame aux Camélias de Neumeier, programmé à l'automne. Une série marquée par les adieux de l’Etoile Agnès Letestu à l'occasion d'une magnifique représentation. Touchante et tellement vraie, ce rôle collait à la peau de la danseuse. Entourée par une distribution de haute volée avec Stéphane Bullion en Armand Duval et la fantastique Eve Grinsztajn en impitoyable Manon, Agnès Letestu était Marguerite jusqu'au bout des ongles, jusqu'à la fin du troisième acte, avant de recevoir une ovation de la part d'un public plus que conquis. La dernière étoile repérée par Noureev s'en est allée.

Agnès Letestu lors de ses adieux à l'automne dernier


Moment médiatique de cette saison, la création Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied. Que ce soient Aurélie Dupont et Hervé Moreau ou Laëtita Pujol et Mathieu Ganio, plutôt enthousiasmant avec de beaux instants chorégraphiques, mise en valeur du corps de ballet exploitant intelligemment les personnalités de chacun. Souvenir fort de la générale où la prestation de François Alu dans le rôle du pirate Briaxys m'aura laissée sans voix. Dommage que le Palais de Cristalde Balanchine, programmé en première partie, était en demi-teinte.

D'autres moments de poésies et de découvertes ont ponctué cette saison chorégraphique. Une pensée pour la jolie reprise de Dances at a gathering de Jérôme Robbins : un moment de poésie rare et une redécouverte de ce ballet qui m'avait moins convaincue deux ans plus tôt. De beaux souvenirs avec le danseur en brun de Mathieu Ganio, ou encore les prestations d’Aurélie Dupont, Ludmila Pagliero. Une série marquée par les adieux à la scène de Christophe Duquenne, très beau danseur qui aura lui aussi laissé de beaux souvenirs.
Dans un autre style, la découverte de Notre-Dame de Paris de Roland Petit ces dernières semaines (malgré les costumes extravagants, pensée particulière pour Phoebus). Regret tout de même de n’avoir pu assister à la dernière représentation de Nicolas Le Riche en Quasimodo. A l’automne, le Doux mensonges de Kylian aura réussi à me transporter dans un tout autres univers, doux souvenir (contrairement à la création de Teshigawara qui m’aura plutôt laissée de marbre en première partie de soirée).
Enfin, belle découverte du tandem Fall River Legend (avec une Laetitia Pujol purement convaincante et un partenariat intéressant avec Pierre-Arthur Raveau) et du style Birgit Culberg avec Mademoiselle Julie.

Hors Opéra de Paris, le Marco Spada remonté par Pierre Lacotte pour le ballet du Bolchoï m’aura particulièrement enthousiasmée (comme quoi, même un ballet au cinéma peut arriver à vous transporter). Manuel Legris et Olga Esina auront lors du Gala dédié au danseur fait rire le Palais des Congrès dans le pas de deux extrait de la Chauve-Souris de Roland Petit. De leur côté, Marianela Nunez et Thiago Soares ont enflammé la salle avec leur prestation dans Don Quichotte
Coup de cœur également pour le Swan Lake de Dada Masilo. Enfin mention spéciale à la compagnie du San Francisco Ballet pour leur tournée parisienne à l’occasion des Etés de la danse : découverte de belles personnalités comme Maria Kotchekova ou Sofiane Sylve. Un plaisir également de revoir Mathilde Froustey, complètement épanouie, sur la scène du Théâtre du Châtelet.

Nicolas Le Riche entouré de Karl Paquette et Josua Hoffalt après le Boléro le 9 juillet dernier.


En guise de « clap de fin », cette saison chorégraphique se sera clôturée en beauté avec la dernière révérence de Nicolas Le Riche et sa soirée d’adieux du 9 juillet dernier. Parmi les moments forts de cette soirée, citons le Jeune Homme et la Mort avec un Nicolas Le Roche survolté et une Eléonora Abbagnato envivrante. Le duo Sylvie Guillem/ Nicolas Le Riche, reformé pour l’occasion. En guise de final, le dernier Boléro restera indéniablement un pur moment avec un Nicolas Le Riche emportant tout sur son passage. Un véritable hymne à la danse.
Cette dernière soirée à Garnier a incontestablement marqué la fin d'une ère et une page s’est définitivement tournée. A voir à présent ce que nous réserve l'avenir...
Entre un premier poste en province, une nouvelle vie, quelques barrières se sont dressées sur mon chemin cette année pour assister à l’intégralité des représentations du ballet de l’Opéra ou dans d’autres théâtre. Mais le bilan est loin d’être désastreux, avec au final la possibilité de venir voir la quasi-totalité de la saison (avec de temps en temps deux distributions par série). Dans les autres théâtres, le bilan affiché est moins glorieux, faute de temps. Mais l’année prochaine sera à coup sûr rythmée par les allers et retours dans la capitale, toujours à l’affût de nombreux spectacles, de nouvelles découvertes et de représentations mémorables, telle une balletomane insatiable. Parce qu’une vie sans voir de ballets manquerait tellement de piment...


Pour la suite des évènements, rendez-vous en septembre.

A l'affiche : que voir en septembre 2014 ?

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C'est la rentrée dans les théâtres et salles de spectacle ! La saison 2014-2015 s'ouvrira dès demain au Palais Garnier. Au programme de septembre, entre autres, le Tanztheater Wuppertal, mais également la venue du Ballet de l'Opéra de Lyon au Théâtre du Châtelet dans le cadre du Festival d'Automne et bien entendu la soirée Lander/Forsythe pour le ballet de l'Opéra de Paris.




Du côté de l'Opéra de Paris

Tanztheater Wuppertal, Two Cigarettes in the dark.
La célèbre compagnie fondée par Pina Bausch il y a quarante ans maintenant est l'invitée de cette rentrée. Du 1er au 7 septembre, elle présentera la pièce Two cigarettes in the dark de la chorégraphe allemande. Mêlant à la fois danse et théâtre, celle-ci questionne sur la solitude et la perte de l'être aimé.
Pour ceux (qui comme moi) n'ont pas pu avoir de places aux dates désirées, la compagnie sera à nouveau à l'affiche du Théâtre de la Ville en mai 2015.
Plus d'informations sur le site de l'Opéra.


Soirée Lander/Forsythe, Garnier.
Dès le 20 septembre, le ballet de l'Opéra de Paris reprendra le chemin de la scène avec une soirée regroupant les chorégraphies d'Harald Lander et de William Forsythe. Pour cette dernière saison concoctée par l'actuelle directrice de la danse, Brigitte Lefèvre, les danseurs reprendront le ballet Etudes de Lander, dont l'argument met un cours de danse en scène, puis Woundwork1 et Pas./Parts de William Forstyhe. Ces deux dernières pièces avaient été présentées en décembre 2012 lors de la soirée Brown/Forsythe
Le programme est présenté au Palais Garnier du 20 septembre au 3 octobre. Les deux premières représentations (20 et 23 septembre) seront précédées du défilé du ballet.
A noter que le programme de la soirée du 4 octobre marquant les "adieux" de Brigitte Lefèvre a été bouleversé pour cette occasion. Il devrait sensiblement comprendre Etudes, Aunis, Suite de danses ainsi que le Défilé. 
Pour avoir un avant-goût de cette soirée et en guise de pré-rentrée, la première rencontre de l'année aura lieu le samedi 13 septembre prochain à 16 heures l'amphithéâtre Bastille autour du programme.

Credit : operadeparis.fr


Dans les autres théâtres

Ballet de l'Opéra de Lyon, Théâtre du Châtelet.
William Forstyhe est à l'honneur pour cette rentrée 2014. Dans le cadre du festival d'automne, le ballet de l'Opéra de Lyon présentera Limb's Theorem du 4 au 6 septembre prochain. Cette année rend hommage au chorégraphe, qui avait annoncé en fin de saison dernière qu'il quitterait la direction de sa compagnie pour raisons de santé. Une longue et intéressante interview de William Forsythe est à lire sur le site du festival. 
L'intégralité du programme de cette quarante-troisième édition du festival, qui se tiendra du 4 septembre au 31 décembre est consultable sur le site de la manifestation.

Crédit : Michel Cavalca



Gala des Etoiles du XXIème siècle, Théâtre des Champs-Elysées.
Comme le veut la tradition, le Théâtre des Champs-Elysées ouvrira sa saison "danse" avec le Gala des Etoiles du XXIème siècle, du 12 au 14 septembre prochain. Pour cette dix-septième édition, le public retrouvera Lucia Lacarra et Marlon Dino du ballet de l'Opéra de Munich ainsi qu'Aurélien Houette et Erwan Leroux du ballet de l'Opéra de Paris pour Incidences Chorégraphiques. Maria Kotchekova et Joaquin de Luz du San Francisco Ballet seront également de la partie. Après avoir enflammés la scène du théâtre du Châtelet dans le cadre des Etés de la danse, ils s'attaqueront à celle de l'avenue Montaigne. A grand regret, la délicate Olga Smirnova et son partenaire Semyon Chudin du Bolchoï ne participeront pas à cette nouvelle édition.



Toujours au Théâtre des Champs-Elysées, le Ballet national de Norvège sera à l'affiche du 22 au 24 septembre avec un programme entièrement dédié à Kylian. Les danseurs interprèteront entre autres le célèbre Bella Figura.


Du côté des Festivals 

Le Monde Festival, les 20 et 21 septembre, Palais Garnier et Opéra Bastille.
Le weekend des 20 et 21 septembre sera non seulement le weekend des journées du patrimoine, celui de la première de la soirée Lander/Forsythe, mais ce sera également le weekend de la première édition du Festival organisé par Le Monde. A l'occasion des soixante-dix ans du journal, une série de conférences au Palais Garnier et à l'Opéra Bastille sont organisées. Côté danse, Benjamin Millepied se prêtera au jeu le samedi 19 septembre pour cinquante minutes de conversation. En tant que prochain directeur du ballet de l'Opéra, il s'intéressera à l'avenir de la danse classique et à son évolution. Cette conférence sera animée par la journaliste et critique danse du Monde, Rosita Boisseau. Le programme de la soirée du 20 septembre à l'Opéra Bastille, mise en scène par le canadien Robert Carsen, devrait être dévoilé incessamment sous peu.
Plus d'informations sur la conférence "Conversations avec Benjamin Millepied".
L'intégralité du programme sur Le Monde Festival.

Rencontre autour d'Etudes (Harald Lander)

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A une semaine de la première de la soirée Lander/Forsythe, la première rencontre de cette saison 2014-2015 réunissait ce samedi 13 septembre les sujets Héloïse Bourdon, Fabien Révillion et Yannick Bittencourt, autour du répétiteur Thomas Lund (Royal Danish Ballet) et de la pianiste Kathy Ernould.

Fabien Révillion, Héloïse Bourdon et Yannick Bittencourt




En cette période de rentrée, c'est une rencontre à la fois intense et passionnante qui attendait les spectateurs et les trois jeunes danseurs du ballet. Brigitte Lefèvre, qui faisait là l'une de ces dernières présentations en tant que directrice de la danse, a expliqué le choix de cette "jeune" distribution qui devra affronter ce ballet à la chorégraphie redoutable. Etudes transpose un cours de danse sur scène (grands battements, fondus, frappés, pirouettes...), en y associant des variations virtuoses dont l'une des plus mémorables est la variation de l'Etoile. Un ballet que la Directrice de la danse a tenu à reprendre en l'associant à deux chorégraphies d'un autre amoureux de la danse classique, William Forsythe, avec la reprise de deux de ses pièces (Woundwork1 et Pas./Part). Après avoir sollicité le public pour souhaiter un joyeux anniversaire au répétiteur du jour, Brigitte Lefèvre s'en est allée, laissant la répétition commencer.

Cette rencontre s'est déroulée en trois temps. Parée de son tutu romantique, Héloïse Bourdon a entamé cette répétition publique avec une variation romantique, inspirée du tableau de La Sylphide, sous la houlette d'un Thomas Lund à la fois bienveillant et pointilleux. A l'affût du moindre détail, le répétiteur affine le travail des bras, demandant plus de volupté et de légèreté dans les pas. Il rappelle l'intention de chaque geste, car comme dans tout ballet rien n'est laissé au hasard. Très appliquée, Héloïse Bourdon est une élève studieuse, qui intègre (très) vite chacune des remarques. Avec son allure éthérée, la jeune danseuse se prête bien au personnage et à ce tableau poétique.
Fabien Révillion la rejoint ensuite sur la scène de l'amphithéâtre pour répéter le pas de deux, extrait de ce même tableau. Le répétiteur danois est plutôt satisfait, soulignant le fait que, sur scène, il se passe quelque chose entre les deux danseurs et que la danse en devient plus émouvante. Une fois de plus le travail est pointilleux. Chaque mouvement est détaillé, décodé. Le danois réajuste une position, un porté et corrige certains gestes. Il insiste par exemple sur le mouvement des doigts des deux danseurs qui doivent glisser le long de leur main lorsque leurs deux personnages se séparent.

Yannick Bittencourt fait à son tour son entrée en scène. Seul, il répète l'un des passages les plus difficiles du ballet : les pirouettes. Le danseur s’exécute rapidement, tandis que le répétiteur danois lui donne des conseils pour bien positionner sa jambe et ses bras et surtout moins se fatiguer. Le danseur écoute, applique et ça marche ! Il termine en beauté avec les fouettés. Il est fortement applaudit par un public, visiblement bien emballé.

Héloïse Bourdon, décidément très sollicité cet après-midi, revient en scène cette fois-ci dans le costume de l'étoile. Une nouvelle paire de pointes chaussées, elle s'apprête à répéter l'une des variations du ballet les plus redoutables et les plus difficiles du répertoire. En guise d'introduction, Thomas Lund lui demande de montrer au public, la fameuse série de déboulés effectuée par les cinq danseuses avant l'arrivée de l'"étoile". Puis, Héloïse se lance dans la variation complète. Thomas Lund est présent, demande des série de déboulés toujours plus rapides, insiste sur le rythme. Héloïse enregistre toujours très vite les pas qui semblaient encore incertains au départ. Une dernière série de déboulés et une variation plus tard, la répétition touche à sa fin.

Ce trio de danseurs n'aura pas démérité lors de cette répétition qui s'est avérée riche et fructueuse. Même s'il y a encore du travail, les trois danseurs débordent d'énergie et semblent très motivés pour "affronter" ce ballet et prendre du plaisir en scène. N'oublions pas qu'Héloïse Bourdon avait fortement impressionné lors de sa prise de rôle dans la Bayadère en 2011, Fabien Révillion et Yannick Bittencourt ont quant à eux quelques rôles à leur actif !

Le trio dansera les rôles de soliste d'Etudes le samedi 27 septembre prochain.

A l'affiche : Soirée Lander / Forsythe

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Dès ce soir, le ballet de l'opéra de Paris reprend du service avec la soirée Lander/Forsythe.
La première programmation de la saison 2014-2015 rend hommage à la danse classique et à son évolution avec trois ballets programmés : Etudes d'Harald Lander, Woundwork1 et Pas./Parts de William Forsythe.





Etudes, l'évolution du danseur
Le travail quotidien du danseur, sa progression au sein du corps de ballet jusqu'au statut d'étoile, cela pourrait être l'argument d'Etudes. Chorégraphié par Lander, qui fût pour information le directeur de l'école de danse de 1956 à 1963, le ballet se décline en trois parties. Des cinq positions de la danse classique, en passant par ballet romantique jusqu'aux variations académiques, Etudes est reconnu pour sa chorégraphie redoutable, mobilisant une une bonne partie du corps de ballet. Entré au répertoire de la compagnie en 1952, sa dernière reprise remonte à 2004. Pour cette reprise, trois danseuses se partageront le rôle de l'étoile (Ludmila Pagliero ayant été retirée des distribution d'après le forum Dansomanie) : Dorothée Gilbert (qui fera là, après sa brève apparition à la soirée d'adieux de Nicolas Le Riche, son retour), Amandine Albisson et Héloïse Bourdon (que le public a pu découvrir lors de la répétition du 13 septembre dernier). A leurs côtés, on retrouvera respectivement Karl Paquette et Josua Hoffalt, François Alu et Arthur Raveau, et (à nouveau) Karl Paquette et Fabien Révillion (Yannick Bittencourt ayant été également retiré des distributions).

Forsythe, construire et déconstruire
Quand Études rend hommage à la technique académique, les ballets de Forsythe repoussent les limites, entre construction et déconstruction du mouvement. Une sorte de réponse sur l'avenir de la danse classique. Dans Woundwork1, le chorégraphe prend comme sujet d'étude le pas de deux avec deux couples évoluant sur scène. Dans Pas./Parts quinze danseurs (Etoiles, Premiers danseurs, Sujets, Coryphées, Quadrilles) se succèdent au cours de vingt séquences courtes. Particularité de la pièce, les danseurs partent tous du même pas, qui se décline par la suite en solo, duo, trio et même en quatuor. Ces deux pièces ont déjà présentées en 2011, un peu de variété aurait été bienvenu. En guise de réponse, lors de la rencontre du 13 septembre, Brigitte Lefèvre a expliqué qu'il s'agissait de deux pièces qui lui tenaient à cœur, et qu'elle avait choisit de faire entrer au répertoire du ballet. William Forsythe est quant à lui le chorégraphe de la rentrée, entre le Festival d'automne qui lui rend hommage cette année et ces deux reprises à Garnier.

Les distributions détaillées sont disponibles sur le site de l'Opéra.

Particularité de cette série, elle débutera par Etudes et se clôturera par Etudes (et par le Défilé). A noter que la soirée du 4 octobre (dédiée à Brigitte Lefèvre) sera retransmise en direct sur Culture Box, puis en différé sur France 3. En plus des ballets de Lander et Forsythe, Suite de danses (Clustine) et Aunis (Jacques Garnier) seront également présentés ce soir là. A noter que les ballets de Forsythe ne seront pas retransmis en différé.

Les représentations des 20, 23 septembre seront précédées du Défilé du ballet. Il sera également donné le 4 octobre en fin de soirée.
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