Quantcast
Channel: Une Saison à l'Opéra
Viewing all 66 articles
Browse latest View live

Lander/Forsythe : une première haute en couleurs

$
0
0
Le ballet de l'Opéra de Paris faisait sa rentrée hier soir au Palais Garnier avec la première de la soirée dédiée aux chorégraphes Lander et Forsythe. Cette soirée s'ouvrait avec le traditionnel défilé du ballet et de l'école de danse.

Défilé du samedi 20 septembre



Le défilé de ce samedi 20 septembre en aura une fois de plus ému plus d'un. Il faut dire que, même si on connaît le rituel, la musique par cœur, on ne peut rester insensible lorsque l'on voit la plus jeune élève de l'école de danse s'élancer sur le plateau en pente, suivie des autres élèves, puis des danseurs de la compagnie. Tous, en rang parfait sur la célèbre Marche des Troyens de Berlioz. Un rituel dont ne se lasse pas, certains venant spécialement pour l'occasion. Certains s'amusent à suivre l'applaudimètre (même si pour ce soir de première, le public était moins chaleureux et plus protocolaire qu'à l'ordinaire). Sans aucun doute hier soir, c'est Aurélie Dupont qui a récolté tous les suffrages. La doyenne du ballet participait là à l'un de ses derniers défilés. Mathieu Ganio fermait de son côté pour la première fois le défilé. Côté premiers danseurs, le trio formé par François Alu, Audric Bezard et Arthur Raveau a reçu de chaleureux applaudissements. À noter également, le retour de Sarah Kora Dayanova dans les rangs du corps de ballet. 

Saluts d'Etudes


Les amoureux de la danse classique sont servis en ce début de saison avec la reprise d'Etudes du danois Harald Lander. Pour ma part, je découvrais ce ballet pour la première fois. Alors que la charmante Marion Barbeau nous montre en guise d'introduction les cinq positions de base de la danse classique créées par Pierre Beauchamp, les danseuses en noir se lancent dans une barre, parfaitement mise en scène. Le ballet suit ensuite un découpage précis, montrant les grandes étapes d'un cours de danse et l'évolution du danseur. Il évoque le ballet romantique avec un clin d'œil à La Sylphide avant de s'envoler vers l'école académique d'Auguste Bournonville. Le trio d'étoiles du soir est formé par Dorothée Gilbert, Josua Hoffalt et Karl Paquette. Après un an d'absence, Dorothée Gilbert faisait là son retour sur scène. Malgré sa "Sylphide" encore un peu terrienne, elle a passé sans encombre les difficultés techniques dans la variation de l'étoile. Car  Études est un ballet rendant hommage à la danse classique. Et, qui dit ballet classique, dit technique exigée. Aux côtés de la danseuse étoile, Josua Hoffalt s'est lui aussi bien tiré des difficultés techniques. Tandis que Karl Paquette semblait plus essoufflé sur la fin. 
Mention spéciale au corps de ballet pour la synchronisation (notamment dans les fouettés chez les filles). L'œil du spectateur ne pouvait également pas passer à côté d'Hugo Marchand, impeccable hier soir : belle présence scénique, belle qualité de danse. Impossible également de ne pas être éblouie par la petite batterie d'Axel Ibot.
Au final, une belle découverte d'un ballet qui mérite encore quelques ajustements (quelques tensions et incertitudes étaient encore palpables hier soir). Cela devrait s'améliorer au fil des représentations.

Dorothée Gilbert


Changement d'ambiance après l'entracte et place au Woundwork1 de William Forsythe. Quatre danseurs en scène, deux couples qui se font face, s'entrecroisent, dansent parfois ensemble ou chacun de leur côté. Woundwork est une étude sur le travail du pas de deux sur la musique de Thom Willems, au tempo quasiment imperceptible. On s'attarde à regarder les lignes des danseurs, les mouvements esquissés. Chacun des deux couples dégage sa propre énergie. On suit Aurélie Dupont et Hervé Moreau qui se complètent, et Mathieu Ganio et Laetitia Pujol, également bien assortis. Peut-être est-ce le fait de l'avoir déjà vu il y a deux ans, mais j'ai mieux apprécié ce ballet hier soir. En revanche, cela reste toujours un peu frustrant de ne pas pouvoir suivre complètement chacun des deux couples.

Woundwork



Pour finir en beauté, place au détonnant Pas./Parts. Il y a deux ans ce ballet ne m'avait pas laissé de souvenir particulier. Je me souvenais d'une représentation étourdissante mais pas forcément marquante. Rien voir avec la soirée d'hier soir emmenée par des danseurs survoltés, tout simplement au top! Aux côtés de l'impressionnante Marie-Agnès Gillot, les quinze danseurs du soir ont époustouflé le public et insufflé une énergie enivrante dans Garnier. Que dire des prestations de l'incisif Sébastien Bertaud, et à cette interprétation magistrale, et d'Aurélien Houette, qui montre ici l'étendue de son talent. Sans oublier les ondulations d'Audric Bezard, la démente Ève Grinsztajn aux côtés de Jérémie Bélingard, également très en forme, dans un pas de deux étourdissant. Laurène Lévy, très à l'aise et à la plastique adéquate pour le style Forsythe, et Julien Meyzindi montrent aussi toutes leurs qualités. Il y a également Lydie Vareilhes, Marine Ganio, Stéphanie Romberg, Pauline Verdusen, Cyril Mitilian, Hannah O'Neill. Tous semblent épanouis en scène. Le public est conquis (#ForsytheForever).

Saluts de Pas./Parts


Au final, une belle soirée. Etudes reste encore fragile, les solistes encore tendus. Au contraire, les danseurs semblent plus qu'épanouis dans les ballets de Forsythe. 

Conversation avec Benjamin Millepied - Le Monde Festival

$
0
0
À l'occasion des 70 ans du journal, Le Monde organisait les 20 et 21 septembre derniers son premier festival. Rap, crise, innovation... Divers sujets étaient abordés. Dans un lieu tel que le Palais Garnier, il aurait été malvenu de ne pas parler de danse. Benjamin Millepied, qui prendra la direction du ballet le 1er novembre prochain, s'est prêté au jeu lors d'une conférence animée par la journaliste et critique de danse du Monde, Rosita Boisseau. 

Un projet clair, des perspectives intéressantes, une vision à long terme... En quelques lignes, retour sur les temps forts de cette conférence. 

Crédit : Philippe Merle



Quelle évolution pour le ballet classique ?
Situer le ballet dans le temps est une première étape pour Benjamin Millepied. Lorsque l'on retrace l'histoire de la danse et l'histoire du ballet, le futur directeur de la danse rappelle que ce sont les chorégraphes qui ont fait évoluer le ballet classique. Il prend l'exemple de Marius Petipa, qui a chorégraphié à l'âge de 70 ans son premier grand ballet, La Belle au bois dormant, en tandem avec Tchaïkovsky. Pour lui, il est primordial de connecter l'histoire de la danse à cette maison qu'est l'Opéra, c'est de cette manière qu'il compte faire avancer le ballet. L'un de ses projets phares : créer des ballets d'aujourd'hui

Appréhender la fonction de directeur de compagnie
"C'est une responsabilité énorme", confie Benjamin Millepied. Le futur directeur se donne pour mission de faire avancer le ballet, ce qui passe par la création de ballet "de notre temps". Il insiste sur le fait qu'aujourd'hui on reprend des ballets qui existaient déjà il y a deux cents ans. Il faut être ambitieux et ramener la culture, trouver de nouveaux grands tandems musiciens /chorégraphes, qui, ont à l'époque fait la force de certaines œuvres. Il est nécessaire d'aller de l'avant et se servir de l'histoire, de son passé et de sa culture. Il a évoqué avec Stéphane Lissner (nouveau directeur de l'Opéra), l'idée de revenir à des soirées mêlant opéra et ballet. C'est dans cette direction que va travailler la compagnie, même si cela va prendre du temps. 
L'éducation des danseurs est également une de ses priorités. Comme la formation de nouveaux chorégraphes (sujet évoqué à de nombreuses reprises dans les interviews lors de sa nomination) en leur apprenant ce métier et en intégrant cette notion dès l'école. 
Côté public, il envisage de faire bouger les conventions en allant danser "hors les murs", et pourquoi dans des lieux publics.

Va-t-il se servir de son expérience Outre-Atlantique et de cette "culture américaine" ?
Benjamin Millepied n'aime pas utiliser le terme "culture américaine". Il prend l'exemple de George Balanchine, chorégraphe qu'il admire. Pour lui, ce dernier avait avant tout une culture européenne. Il a simplement eu l'opportunité de créer à New-York un répertoire ambitieux, issu de toute l'histoire de la danse. A l'instar de Marius Petipa auparavant. Balanchine a su rendre hommage au XIXème siècle tout en étant dans son époque. Jérôme Robbins est également un chorégraphe qui l'inspire beaucoup, 
Benjamin Millepied souligne que son expérience américaine va l'aider dans sa tâche. Depuis 2001, il a produit de nombreux spectacles. Cela lui a permis d'apprendre à manager, à trouver des fonds, de faire des erreurs. Il arrive avec un bon bagage. Seul défaut ? Il va vouloir que les choses avancent vite à l'Opéra de Paris.

Quels changements en interne pour le ballet ?
- La grande question, voudra-t-il faire bouger la hiérarchie? Bien ancrée, la hiérarchie (et ses grades de quadrilles à étoile) sont très prononcés dans la compagnie. Comme le souligne le futur directeur, les danseurs y tiennent (l'un des arguments étant les salaires...). Pourtant, Benjamin Millepied n'exclut pas d'enlever l'un des grades entre Quadrille et Premier danseur. Selon lui, la compagnie s'en porterait d'autant mieux. 
- Réaménager le rythme. Pour le futur directeur, tout doit être organisé pour être "au top" artistiquement. Un danseur prend chaque jour son cours, le planning doit ensuite être aménagé en fonction du nombre d'heures qu'il peut danser par jour, en faisant attention aux temps de pause, à l'apport physique... Ce sont des points clés (pour ainsi répondre à la problématique des blessures). 
- Autre amélioration à venir, les répétitions avec les chorégraphes invités. Ce sont souvent des créneaux express. Benjamin Millepied souhaite que l'emploi du temps soit aménagé de façon à ce que cela soit bénéfique pour le projet en cours et pour les danseurs.
Seule difficulté, le système est plus adapté à l'organisation de l'opéra qu'à celle du ballet. 

Des perspectives pour l'évolution des danseurs ?
Hormis le projet de former de nouveaux chorégraphes, Benjamin Millepied souhaite accompagner ses danseurs pour les aider à anticiper leur retraite. Benjamin Millepied se donne pour rôle d'accompagner les danseurs qui vont vouloir devenir chorégraphes pour qu'ils créent à leur tour leurs propres chorégraphies. 
La retraite à 42 ans est un système qui n'existe nul part ailleurs qu'à l'Opéra de Paris. À New-York par exemple, les danseurs ne sont pas payés pendant les vacances d'été. Seul bémol de ce privilège, ce système n'amène pas trop d'ambition d'après carrière. Benjamin Millepied veut amener les danseurs à anticiper une seconde carrière, et pourquoi pas à reprendre leurs études (ce qui est déjà le cas de certains danseurs).

L'école française
Benjamin Millepied insiste sur son admiration pour l'école de danse française qui a su conserver cette retenue, son élégance en évitant toute superficialité et sans devenir de la pure virtuosité. "Être bon danseur, explique-t-il, c'est avoir une intelligence musicale, une réflexion sur ses rôles pour y apporter quelque chose de personnel".
Selon lui, Baryshnikov est le danseur qui a le plus poussé cette intelligence. Il a voyagé, s'est inspiré de chaque école, notamment de l'école française. C'est un danseur qui avait du goût et de l'élégance. 
Il insiste sur le fait que les danseurs ne doivent pas seulement exécuter et faire ce qu'on leur dit de faire. Le corps de ballet est une unité mais il est important que chaque danseur ait sa propre personnalité, son individualité. 
L'idée d'uniformité qui persiste dans le corps de ballet est pour lui troublante. Il veut donner les mêmes chances à tout le monde. La diversité sur le plateau doit refléter, selon lui, la diversité de la salle. Mais rappelons que le prix des places est en augmentation constante depuis quelques années! À cela, le futur directeur répond que certaines initiatives pourraient être organisées. Il pense notamment à des danseurs de Los Angeles qui dispensent des cours gratuitement dans certains quartiers défavorisés. 

Quels sont ses futurs projets ? 
La création de ballets en trois actes est l'un des projets de Benjamin Millepied. La narration l'intéresse énormément. Il imagine des ballets nouveaux avec de nouveaux sujets, et pourquoi pas faire appel au cinéma car c'est une autre manière d'écrire.
Il cite également Justin Peck, qui se situe plus dans le ballet abstrait, mais qui pourrait faire quelque chose d'intéressant en collaborant avec un grand musicien.
En guise de teasing, il annonce que la saison 2015-2016 s'ouvrira avec une soirée en trois parties, dont un nouveau ballet avec le plasticien Philippe Pareno.

L'intégralité de cette conversation sera disponible début octobre sur le site du Monde Festival.
En attendant le changement avec Benjamin Millepied, c'est dès maintenant :  les distributions des deux ballets de Noël, Casse-Noisette et La Source ont été publiées courant septembre (sous réserve de modifications bien entendu...)

A l'affiche : que voir au mois d'octobre 2014 ?

$
0
0
Danses partagées, un dernier Pas./Parts, la reprise de Rain à Garnier, la soirée en l'honneur de Brigitte Lefèvre, le retour des directs au cinéma... Le mois d'octobre s'annonce déjà bien chargé du côté des salles de spectacles !

Du côté de l'Opéra de Paris

Lander/ Forsythe, dernière ligne droite.


Etudes (Crédit : Sébastien Mathé)

Le début du mois d'octobre sera la dernière occasion de voir Etudes d'Harald Lander, ainsi que Woundwork1 et Pas./Parts (William Forsythe). La représentation du 4 octobre rendra hommage à la directrice de la danse, aujourd'hui sur le départ, Brigitte Lefèvre. A cette occasion, deux autres ballets seront donnés, Suites de danses de Clustine et Aunis de Garnier. Le tout sera retransmis en direct sur Culture Box. A noter que la soirée ne sera retransmise qu'à partir de 20h36, les deux ballets de Forsythe ne seront pas diffusés, ni en direct, ni en différé. A noter que le défilé du ballet sera exceptionnellement donné et diffusé en direct, puis sur France 3  le 8  novembre (accompagné d'Etudes et d'un documentaire sur Brigitte Lefèvre).

Pour cette dernière, ce sera l'occasion de retrouver la première distribution d'Etudes (Gilbert/Paquette/Hoffalt). Jusqu'à présent, que ce soit dans la presse ou sur les blogs, les avis sont partagés. Alors que le corps de ballet impressionne, les solistes sont plus en retrait. A l'opposé, les ballets de Forsythe (et notamment Pas./Parts) connaissent un franc succès et font l'unanimité auprès du public. Plusieurs interviews de Brigitte Lefèvre, très sollicitée à l'heure de son retrait, sont à retrouver dans Le Figaro, Le Point, ou dans la Matinale de France Musique.


Rain (Anna Teresa de Keersmaeker)


Rain, lors de son entrée au répertoire en 2011


Après son entrée au répertoire en 2011, Rain d'Anne Teresa de Keersmaeker est de retour sur la scène du Palais Garnier. L'occasion de voir une seconde fois ce ballet (et de mieux le cerner). L'accueil avait été mitigé lors de son entrée au répertoire. Avant de le revoir, n'hésitez pas à (re)visionner le documentaire d'Olivia Rochette et de Gérard-Jan Claes qui se glisse dans les coulisses des répétitions.
Une rencontre aura lieu le samedi 11 octobre à 16 heures à l'amphithéâtre Bastille.

Tournée à Montréal

Du 16 au 19 octobre, les danseurs de l'Opéra de Paris partiront en tournée avec Paquita de Pierre Lacotte. Les dernières étoiles nommées, Amandine Albisson et Alice Renavand, se partageront le rôle de Paquita. Elles seront accompagnées par Josua Hoffalt, Karl Paquette et Florian Magnenet qui interprèteront à tour de rôle Lucien d'Hervilly.


Au cinéma :



Après les théâtres, c'est la rentrée du ballet dans les cinémas.
Premier "live" de la saison avec le Royal Ballet le 16 octobre dans Manon de MacMillan. Marianela Nunez et Frederico Bonelli interprèteront les rôles de Manon et Des Grieux. La répétition diffusée à l'occasion du World Ballet Day le 1er octobre était très prometteuse.
Le Bolchoï entamera sa saison avec Légendes d'amour de Grigorovitch, ballet qui n'avait pas été repris depuis un moment. Des web-mini séries sont à découvrir sur la chaîne Youtube de Pathé Live.


CND : Danses partagées

Comme chaque année, le Centre National de la Danse (Métro Pantin) ouvre ses portes le premier weekend d'octobre à l'occasion des Danses Partagées. Le principe, plusieurs cours de danse, de tous les styles sont accessibles à tous. Côté danse classique, les cours du samedi seront dispensés par Jenny Sandler du Joffrey Ballet et ceux du dimanche par Marie-Agnès Gillot et Vincent Chaillet de l'Opéra National de Paris. Une soirée découverte est prévue le samedi 4 octobre à 20 heures.
Un weekend toujours sympathique où bonne humeur et passion de la danse sont exigés, dommage toutefois que le programme de cette édition soit moins pêchu que les années précédentes.


Dans la Presse

Le magazine Danse fête ce mois-ci son trentième anniversaire. A cette occasion, un numéro spécial a été édité compilant de nombreux témoignages de danseurs (Michael Denard, Manuel Legris, Eric Vu An pour ne citer qu'eux) et de belles photos.
En couverture, on retrouve Hannah O'Neill et Jérémy-Loup Quer de l'Opéra de Paris, respectivement deuxième et troisième prix en juillet dernier à Varna.

Hannah O'Neill, prix du Cercle Carpeaux 2014

$
0
0


Hannah O'Neill (Lynette Wills)

Hannah O'Neill recevra ce lundi 6 octobre le Prix du Cercle Carpeaux 2014. Après un prix à Lausanne et au YAGD (Young American Grand Prix), cette danseuse aux origines japonaise et néozélandaise a intégré le corps de ballet de l'Opéra de Paris à l'issue du concours de recrutement externe 2013.
Elle se fait remarquée dans le ballet, par sa classe et sa technique affûtée, et se classe première de la classe des quadrilles lors du concours de promotion interne annuel le 9 novembre dernier. Elle incarne la ballerine du pas de deux de "Robert Macaire" extrait des Enfants du Paradis (chor. José Martinez ) lors de la soirée Jeunes danseurs au mois d'avril. En juillet dernier, elle a remporté le deuxième prix à Varna, concours auquel elle participait aux côtés de son partenaire Jérémy-Loup Quer.
Plus récemment, elle s'est distinguée dans Études d'Harald Lander et dans le style de Forsythe (elle était distribuée dans Pas./Parts) lors de la soirée Harald / Lander.

Soirée de ballets, les adieux de Brigitte Lefèvre

$
0
0
Le ballet de l'Opéra de Paris célébrait ce samedi 4 octobre les adieux de sa directrice de la danse. Après vingt ans à la tête de la compagnie, Brigitte Lefèvre a esquissé une dernière révérence sur le plateau de Garnier, entourée d'une pléiade de danseurs et d'étoiles.

Brigitte Lefèvre salue une dernière fois après le défilé



Cette soirée de ballets s'ouvrait avec les ballets de William Forsythe. Woundwork1 nous offre quinze minutes de beauté, à suivre les lignes des deux couples se séparant, se mêlant et s'entremêlant au fil de la musique de Thom Willems. On retrouve avec plaisir le quatuor formé par Aurélie Dupont et Hervé Moreau, ainsi que Laetitia Pujol et Mathieu Ganio. Les personnalités ressortent plus qu'à la première, chaque couple dégageant une énergie différente. On suit tantôt les ondulations d'Aurélie Dupont entraînant Hervé Moreau, puis Mathieu Ganio mettant en lumière Laëtitia Pujol. 
Dans Pas./Parts, les danseurs sont encore plus survoltés qu'à la première. Ils dépassent leurs limites, chacun apportant sa pierre à l'édifice. Marie-Agnès Gillot est impériale, Sébastien Bertaud est une fois de plus très impressionnant, Lydie Vareilhes tout simplement bluffante... Au final, juste un mot : grandiose! Présent dans la salle, William Forsythe est venu sur scène saluer avec les danseurs, après une rapide accolade avec Brigitte Lefèvre.  

Changement d'ambiance après l'entracte, les élèves de l'école de danse interprètent Suite de danses d'Ivan Clustine. Place maintenant à la Polonaise de Chopin et aux longs tutus romantiques. Malgré l'enthousiasme de ces jeunes élèves, tous radieux, la chorégraphie est un peu plate et moins intéressante.
L'ambiance dans la salle change rapidement avec Aunis de Jacques Garnier (celui qui a fondé le Théâtre du Silence avec Brigitte Lefèvre à La Rochelle). Mention spéciale aux trois jeunes danseurs du soir - Pablo Legasa, Julien Guillemard et Paul Marque - qui, au son de l'accordéon, ont su transporter le public dans leur univers. Une très belle performance!

Une telle soirée ne pouvait se dérouler sans rendre hommage à l'école française et à la technique académique. C'est chose faite avec Études d'Harald Lander. Depuis la première, l'évolution des danseurs dans ce ballet est plus que perceptible. Les solistes sont beaucoup plus en confiance. Dorothée Gilbert, pétillante, retrouve toute sa prestance. Josua Hoffalt offre de son côté une belle démonstration du style français. Une fois de plus, le corps de ballet se montre encore plus à son aise dans cet exercice de style. Un bon moment!

La soirée s'est clôturée avec le traditionnel défilé du ballet. La Marche des Troyens a pris cette fois-ci une toute autre dimension, encore plus émouvante qu'à l'ordinaire. (Une pensée pour Aurelie Dupont qui défilait là pour la dernière fois). Puis, invitée par Benjamin Pech, Brigitte Lefèvre est venue une dernière fois rejoindre ses danseurs sur la scène de Garnier, remerciant ses Étoiles une par une, puis l'ensemble des danseurs du ballet et des élèves de l'école de danse. 
Seule en scène, la directrice de la danse a tiré sa révérence sous une pluie de paillettes, avant que les anciennes étoiles (Isabelle Ciaravola, Agnès Letestu, Delphine Moussin, Manuel Legris, Kader Belarbi, Elisabeth Playel...) ne la rejoignent devant un parterre debout. Un joli passage de flambeau avec Benjamin Millepied, également présent sur scène. Un aurevoir émouvant et modeste dans une ambiance presque familial.

Au final, une agréable soirée, avec du Forsythe, du classique à l'état pur, de la virtuosité, de l'audace.  Une jolie soirée de ballets. Une page se ferme. Une nouvelle ère débute pour le ballet.

La soirée est à revoir sur Culture Box. Le défilé (qui n'a pas été diffusé ce samedi en raison d'un problème technique) sera retransmis sur France 3 le 8 novembre prochain.
Brigitte Lefèvre et Benjamin Millepied

A l'affiche : que voir au mois de novembre 2014 ?

$
0
0
Malgré le temps encore doux (on ne va pas s'en plaindre), le mois de novembre est bien là et son agenda des spectacles aussi. Depuis le 1er novembre à minuit, Benjamin Millepied a pris pleine possession de ses nouvelles fonctions à la tête du ballet de l'Opéra. Côté programmation, alors que les ballets de fin d'année entreront en scène dès la fin du mois, Nicolas Le Riche revient au Théâtre des Champs-Elysées et il reste une petite semaine pour se décider à revoir Rain.

Du côté de l'Opéra de Paris

Rain (Anna Teresa de Keersmaeker), jusqu'au 7 novembre.





Derniers jours pour aller (re)voir l'une des pièces emblématiques de la chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker. Rain est à l'affiche du Palais Garnier depuis le 21 octobre dernier. Il reste encore des places jusqu'à la fin de la série (qui s'achève le vendredi 7 novembre).
A noter que la pièce sera diffusée sur le site concert.arte.tvà partir du 4 novembre.




Casse-Noisette (chor. Noureev), dès le 26 novembre



Le ballet de l'Opéra reprendra le grand classique Casse-Noisette dès le 26 novembre prochain. Le ballet de Noureev sera donné à l'occasion des fêtes de fin d'année à l'Opéra Bastille. Les flocons féériques, croquants petits rats seront de retour.  L'occasion pour le nouveau directeur de la compagnie, Benjamin Millepied, de dévoiler ses premières combinaisons.Qu'on se le dise, même si Casse-Noisette est un ballet que l'on a eu l'occasion de voir à maintes reprises, les distributions sont plutôt attractives, mêlant du classique et de l'inédit. Plusieurs duo se partageront l'affiche pour cette série de 21 représentations. Parmi les prises de rôle notamment, Amandine Albisson qui incarnera Clara aux côtés de Josua Hoffalt (qui dansait aux côtés de Ludmila Pagliero en 2011). Parmi les petits nouveaux (et dans la catégorie jeunes espoirs), Léonore Baulac et Germain Louvet interprèteront les rôles titres les 12 et 17 décembre. Cette série sera également l'occasion de découvrir Ludmila Pagliero et Mathias Heymann ou encore Mélanie Hurel et Stéphane Bullion. Le tandem formé par Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio ouvrira le bal le 26 novembre.
Le détail des distributions est disponible sur le site de l'Opéra de Paris (même si d'ici là, les choses ont le temps de changer).


Ailleurs, dans les autres théâtres...

Carte blanche à Nicolas Le Riche, les 4 et 5 novembre au Théâtre des Champs-Elysées



Nicolas Le Riche l'avait promis : la soirée du 9 juillet dernier ne serait qu'un au revoir. Les 4 et 5 novembre prochain, le danseur présentera son programme "Carte Blanche" au Théâtre des Champs-Elysées. 
Côté programme, le danseur présentera un extrait de A Suite of Dances de Jérôme Robbins, une création Une après-midi qu'il dansera aux côtés de sa femme l'Etoile Clairemarie Osta. Le chorégraphe et danseur Russel Maliphant se joindra à lui pour interpréter Critical Mass. Le programme comprendra également Aires Migratoires, un septuor chorégraphique de vol dansé. La soirée se terminera avec Odyssée, chorégraphie de Nicolas Le Riche, interprétée par le danseur lui-même et Clairemarie Osta.
Plus d'informations sur le site du Théâtre des Champs-Elysées.


Du côté des cinémas...

Le ballet La Fille du Pharaon de Pierre Lacotte sera diffusé dans les cinémas Gaumont Pathé le dimanche 23 novembre prochain à 16 heures. Pour information, il ne s'agit pas d'un direct mais d'une diffusion en différé. Côté casting, on retrouvera Svetlana Zakharova dans le rôle d'Aspicia, aux côtés de Ruslan Skvortsov (Lord Wilson) et Nina Kaptsova Ramze en esclave d’Aspicia.

A noter que la comédie-musical Billy Elliot sera diffusée dans les cinémas dès le 5 novembre. Un spectacle à la fois touchant et impressionnant. Pour ma part, j'ai eu l'occasion de le voir à Londres en 2012 : inoubliable.

En attendant Casse-Noisette, Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio travaillent actuellement sur la création Tristan und Isolde de Giorgio Mancini. James Bort a dévoilé les premières images des répétitions.


Plus de photos : ici

{Rennes} Zoom sur le Festival Mettre en Scène

$
0
0
Se plaindre de la rareté de la danse (mais surtout de ballet) à Rennes est courant. Le festival "Mettre en Scène", qui s'ouvre dès ce soir, est l'occasion d'y remédier. Du 4 au 22 novembre prochain, celui que l'on pourrait presque renommer le "festival d'automne de Bretagne" revient sur les scènes de Rennes, Brest, Lannion, Lorient et Saint-Brieuc.
Au programme de cette dix-huitième édition, du théâtre, de la danse et surtout des créations.... Zoom sur trois pièces chorégraphiques à découvrir au cours du mois.





69 Positions de Mette Ingvartsen
Du 18 au 20 novembre, salle Serreau, TNB Rennes

Dans ce solo, Mette Ingvartsen amorce un cycle de travail intitulé The Red Pieces. Comme l'indique son nom évocateur, cette série est destinée à mettre sous la loupe la sexualité et la relation entre la politique du corps et les structures de la société.
La chorégraphe amorce une réflexion sur les pratiques sexuelles actuelles, sur la façon dont les corps produisent et changent les structures de la société par la façon dont ils se meuvent et agissent.
Mette Ingvartsen analyse les organismes contemporains, et ce faisant, son corps se transforme en un domaine d’expérimentation physique.

Mette Ingvartsen est née à Copenhague. Elle étudie la danse à Amsterdam, puis à Bruxelles où elle est diplômée de P.A.R.T.S. en 2004. Depuis 2002, elle initie plusieurs projets, réalise de nombreuses performances. Ses plus récents projets questionnent les modes de perceptions et de réceptions du spectateur, notamment It’s in the Air, en collaboration avec Jefta van Dither, présenté à Mettre en Scène en 2009 et The Artificial Nature Project, également à Mettre en Scène en 2012.



Manger de Boris Charmatz
Du 18 au 21 novembre, salle Vilar TNB

Boris Charmatz présente sa nouvelle création : Manger.  Cette pièce pour quatorze danseurs interroge sur la nourriture et l'acte de manger. Ces aliments sont constitutifs de l'identité du danseur, de la façon dont il façonne son corps, dont il se prépare pour danser.

"Les aliments sont présents, utilisés comme un partenaire, un prolongement, une entrave ? Évidemment, chaque action est gênée par l’autre : chanter en mangeant, manger en dansant, c’est un pari presque impossible…Les interprètes se remplissent à la fois de mouvements, de nourriture, et d’une oralité, de paroles, de sons, de chants. Ce qui m’intéresse le plus est de l’ordre de l’invisibilité : mettre dans la bouche, ingurgiter, faire disparaître, c’est presque de la magie. J’interroge plutôt un processus, non de méditation, mais de concentration sur ce qui se passe à l’intérieur de la danse et du corps, ce phénomène qui relève plutôt du body art au sens où le corps se transforme de l’intérieur.
L’acte de manger relève d’un rapport au réel. D’une certaine façon il s’agit de l’avaler. Nous croyons manger des chips devant la télé, mais en fait nous sommes en train de digérer les nouvelles du monde. Et la danse doit travailler avec ce rapport d’incorporation, cette question de ce qui entre dans notre corps de gré ou de force, et nous construit."


avec Or Avishay, Nuno Bizarro, Ashley Chen, Olga Dukhovnaya, Alix Eynaudi, Julien Gallée-Ferré, Peggy Grelat-Dupont, Christophe Ives, Maud Le Pladec, Filipe Lourenço, Mark Lorimer, Mani A. Mungai, Matthieu Barbin, Marlène Saldana.

A noter que la pièce Manger sera présentée au Théâtre de la Ville à Paris du 29 novembre au 3 décembre prochain.


Antigone Sr. / Twenty Looks or Paris is Burning at The Judson Church (L)
Les 14 et 15 novembre, Le Triangle

Chorégraphiée par Trajal Harrell, cette pièce par du constat suivant : "Que se serait-il passé si en 1963 la scène du voguing et des travestis de Harlem avait rencontré celle de la danse post-moderne à la Judson Church ? ».
À partir de cette fiction, le chorégraphe et danseur new-yorkais Trajal Harrell a imaginé, avec quatre interprètes, cet Antigone Sr. Le voguing, porté par une communauté noire, homosexuelle, drag ou transgenre, emprunte ses mouvements à ceux des défilés de mode, travaille sur un enchaînement de figures, d’une étonnante rapidité et souplesse, et, comme la danse post-moderne, s’attaque aux codes de la représentation. Entremêlant les questions esthétiques et politiques, Trajal Harrell et ses interprètes délivrent un regard particulièrement iconoclaste sur les influences hétérogènes qui transcendent la danse contemporaine. Cette étonnante perturbation, aussi bien sexuelle que formelle, réinvente un devenir physique riche d’ambiguïtés.

avec Trajal Harrell, Stephen Thompson, Thibault Lac, Rob Fordeyn, Ondrej Vidlar.



Énigmatique Rain, Anne Teresa de Keersmaeker

$
0
0
Du 21 octobre au 7 novembre dernier, le ballet de l'Opéra de Paris présentait Rain de la chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker au Palais Garnier. Entrée au répertoire en 2011, cette pièce met en lumière dix danseurs sur la musique du compositeur Steve Reich.

operadeparis.fr

Il y a des ballets qui vous inspirent, vous transportent, vous transcendent. D'autres au contraire, face auxquels vous restez totalement hermétiques. Comme si, malgré l'excellente qualité des danseurs, la musique et le décor, vous n'arrivez pas à trouver la clé d'entrée et restiez dans le flou, dans une incompréhension quasi totale de la pièce qui se joue sous vos yeux. Ce sentiment, c'est ce que j'ai ressenti en voyant Rain pour la seconde fois. Pourtant, cette œuvre emblématique, qui porte l'empreinte de sa chorégraphe - Anne Teresa de Keersmaeker - a de quoi plaire et intrigué au départ. Le rideau de pluie doré d'abord, d'une grande beauté, symbolisant la pluie, apporte son lot de mystères. Il hypnotise presque et fait une belle connexion avec la musique, non loin d'être déplaisante, de Steve Reich.


En 2011, à son entrée au répertoire, j'avais eu le sentiment d'être hypnotisée par ces ensembles de danseurs, qui ne s'arrêtent quasiment jamais de bouger et de tourner toute la durée du ballet. Pour cette reprise, les danseurs se donnent à cent pour cent, et semblent réellement s'amuser en scène. Leur complicité, évidente, saute aux yeux. Ces derniers ne déméritent pas et certains se détachent vraiment du lot. Coup de cœur notamment pour la charmante Laura Bachman (de la première distribution), exquise, qui dévoile une jolie personnalité. La danseuse, pétillante et attachante, prend pleinement possession de l'espace. Ses bras sont expressifs, sa joie de danser perceptible. Elle en volerait presque la vedette à certain(e)s de ses collègues, mieux gradé(e)s dans la hiérarchie. N'oublions pas Léonore Baulac également, qui s'était déjà fait remarquer en 2011 lors de l'entrée au répertoire de Rain. La danseuse est encore plus à l'aise dans la pièce qu'il y a deux ans. Son duo avec Vincent Chaillet est l'un des plus beaux moments du ballet. Un Vincent Chaillet, qui est d'ailleurs très à l'aise dans le style. N'omettons pas de parler de Nicolas Paul et Daniel Stockes qui livrent également de belles prestations.

Hypnotique et énigmatique, Rain possède ce côté insaisissable. La diffusion sur internet, avec les angles de vue multiples (et inédits), offrait pourtant une nouvelle manière de visionner et de s'approprier le ballet. Mais cela m'aura finalement encore moins aidé à entrer dedans. Certes, les mouvements et les ensembles sont d'une grande beauté, d'une remarquable fluidité. Mais non, je n'adhère pas. Cette chronique aurait pu s'appeler comment je suis passée à côté de Rain.Ma prochaine mission sera sans doute de voir la pièce avec la compagnie d'Anne Teresa de Keersmaeker.

Rain est à revoir sur le site concert.arte.tv.

Wiener Staatsballett : Roméo et Juliette (Cranko).

$
0
0
Qui dit un weekend à Vienne dit forcément une représentation au célèbre Wienner Staatsoper. Entre deux chocolats chauds, retour sur une représentation de Roméo et Juliette dans la version de John Cranko avec les danseurs du ballet de Vienne.



Quand on propose à une balletomane de se rendre à Vienne pour le travail, il est évident que dans les minutes qui suivent elle se connectera sur le site du Wiener Staatsoper pour connaître la programmation (avant même de connaître le sujet et le thème du congrès qu'on lui propose de couvrir d'ailleurs). Et il faut bien l'avouer, la balletomane est encore plus motivée quand il s'agit de faire de nouvelles découvertes! Voilà comment je me suis retrouvée à arpenter les rues de la capitale autrichienne le temps d'un weekend, en faisant un large détour par son mythique opéra.  
Ce dimanche 9 novembre, Roméo et Juliette de John Cranko était à l'affiche de l'Opéra de Vienne. Une occasion de découvrir la version de ce chorégraphe, célèbre pour son Onéguine.

Au centre de cette capitale d'arts et culture qu'est Vienne siège le Wiener Staatsoper. Cette opéra s'impose par son architecture et son histoire (bien amoché lors de la seconde guerre mondiale, la salle de spectacle a été entièrement refaite). Ce temple des arts que sont l'opéra et le ballet (sans oublier les récitals, le bal annuel et les quelques opérettes) est aujourd'hui dirigé par le français Dominique Meyer (ex-directeur du Théâtre des Champs-Élysées à Paris). Il abrite également le Wiener Staatsballet, avec à sa tête depuis 2010 le danseur Étoile Manuel Legris. En 2013, à l'occasion du festival les Étés de la danse, la troupe avait présenté Don Quichotte au Châtelet. Pour ma part, j'avais assisté au gala d'ouverture rendant hommage à Rudolf Noureev. Mais, difficile de porter un jugement sur une soirée rythmée par des pas de deux, pas de trois et courts extraits de ballets. Ce weekend viennois fût l'occasion de découvrir cette belle compagnie, à domicile. 

Histoire connue de tous, Roméo et Juliette fait parti de ces grands classiques que l'on ne se lasse pas de regarder. Qui ne connaît pas (par cœur) la partition (sublime) de Prokofiev? Jusqu'à présent, j'avais eu l'occasion de voir les chorégraphies de Noureev (1985) et de MacMillan (). Celle de Cranko m'était encore inédite. Bien que créée à la moitié du XXeme siècle, cette production ne semble pas avoir pris une ride. C'est la démonstration parfaite du talent de John Cranko pour les ballets narratifs. Son Onéguine est une merveille, son Roméo et Juliette l'est tout autant. La scénographie, la chorégraphie, les décors, tout est lisible, en accord avec l'œuvre de Shakespeare. Du point de vue de la chorégraphie, on perçoit bien le style de Cranko, avec ses pas de deux passionnés et ces portés virtuoses. Les scènes du corps de ballet sont dynamiques, et forment de beaux ensembles. Côté danseurs, Maria Yakovleva est une Juliette exquise. L'évolution de son personnage est perceptible tout au long du ballet : de la jeune adolescente, à peine sortie de l'enfance, à la jeune femme troublée et éperdument amoureuse de Roméo, jusqu'au drame final. Pas de sur-interprétation, tout est juste et bien dosé. Elle est expressive et dévoile une jolie palette de sentiments, de la douceur, beaucoup de passion, jusqu'au déchirement total. Le public parisien avait pu découvrir cette soliste dans Don Quichotte à Bastille en décembre 2012 et lors de la tournée du ballet de Vienne en juillet 2013. (Inverser) après des rôles plus virtuose, ce fût l'occasion de la découvrir dans un ballet plus dramatique. La danseuse se distingue également par sa technique sans faille, elle est légère et semble voler dans les bras de son partenaire. 
Robert Gabdullin est un Roméo touchant et attachant. Un grand romantique et un bel amoureux transi. 
Les deux danseurs forment un très beau duo, fort bien assorti. Ensemble, ils ont fait vivre au public deux beaux pas de deux fluides, intenses et chargés en émotion. Ils irradient dans celui du balcon au premier acte, et celui de la chambre de Juliette au début du troisième. Coup de cœur également pour le facétieux Mercutio  de Richard Szabo. Ses variations étaient à la fois pleines d'humour et virtuoses. Kirill Kourlaev campait quand à lui un Tybalt à la fois autoritaire et charismatique. 
Mention spéciale également au corps de ballet et à son énergie, des scènes de batailles à l'épée aux fêtes de village, ainsi qu'aux autres solistes, notamment à Dagmar Kronberger, qui incarnait Lady Capulet, poignante et déchirante lors de la scène de la mort de Tybalt, ce qui reflète bien l'ambiguïté de sa relation avec le cousin de Juliette.  

Maria Yakovleva et Robert Gabdullin



En résumé, une belle découverte de cette version de Cranko. Même si je garde une préférence pour la version scénarisée de Noureev, ce fût une agréable soirée avec des solistes touchants, des danseurs plein d'énergie. Maria Yakovleva est une très belle Juliette. Une belle compagnie qui a reçu des applaudissements bien nourris de la part d'une salle comble, visiblement conquise.

Les 50 ans de la IXème Symphonie de Béjart à Tokyo

$
0
0

A l'occasion des cinquante ans de LaNeuvième Symphonie de Beethoven de Béjart, le Tokyo Ballet et le Béjart Ballet Lausanne se sont retrouvés sur scène à Tokyo pour danser le célèbre « concert dansé »  le 8 novembre dernier. Le ballet sera retransmis gratuitement  le samedi 15 novembre à 20 heures sur la plateforme Medici.tv .

Crédit : Kiyonori Hasegawa


C'est en 1964 que Maurice Béjart chorégraphie à Bruxelles la Neuvième Symphonie de Beethoven, sur la célèbre partition du compositeur, pour le Ballet du XXème siècle. Cinquante ans plus tard, le « concert dansé » ouvre la saison 2014-2015 du Béjart Ballet Lausanne à Tokyo. L'occasion de célébrer les 150 ans des relations diplomatiques entre le Japon et la Suisse, ainsi que le cinquantième anniversaire du Tokyo Ballet, qui accompagne la compagnie suisse, dirigée depuis 2007 par Gil Roman. Au total, plus de 200 personnes sont sur scène, le tout au son de l'Orchestre Philharmonique d'Israël, dirigé par Zubin Mehta.

Pour cet évènement, les danseurs des deux compagnies ont pu profiter de l'expérience et des enseignements de Piotr Nardelli, ancien danseur du Béjart Ballet Lausanne. Ce dernier leur a enseigné la chorégraphie telle qu'elle a été pensée par Maurice Béjart. A noter qu'il s'agit du tout premier enregistrement vidéo de la Neuvième Symphonie de Beethoven, dans la chorégraphie de Maurice Béjart.

La Neuvième Symphonie sera diffusée le samedi 15 novembre à 20 heures (heure de Paris). Le replay sera ensuite disponible pendant trois mois.
C'est la première fois que la Neuvième Symphonie de Beethoven de Béjart est captée dans son intégralité.

Quelques images du spectacle  :


Pour l'anecdote, la dernière reprise de La Neuvième Symphonie de Beethoven remonte à 1999, lorsque le Ballet de l’Opéra de Paris l'avait dansé au Palais Omnisports de Paris-Bercy. On peut d'ailleurs apercevoir quelques extraits dans le documentaire "Tout près des Étoiles" de Nils Tavernier.

Léonore Baulac et Allister Madin, Prix de l'Arop 2014

$
0
0
Le prix de l'Arop (Association pour le rayonnement de l'Opéra de Paris) est décerné chaque année à deux danseurs du corps de ballet qui se sont distingués au cours de la saison précédente. Pour cette édition 2014, les membres de l'association ont choisi de récompenser Léonore Baulac (Coryphée) et Allister Madin (Sujet). Les deux danseurs succèdent ainsi à Amandine Albisson et Pierre-Arthur Raveau. Deux prix plus que mérités pour ces deux talents !

Léonore Baulac et Allister Madin dans Daphnis et Chloé (Millepied)
Photo : Agathe Poupeney




Léonore Baulac

Léonore Baulac lors du Défilé en septembre dernier


Entrée dans le corps de ballet en 2008, Léonore Baulac s'est rapidement fait remarquer par le public, grâce à sa personnalité lumineuse. On l'aperçoit dans Joyaux de Balanchine (Rubis et Diamants), ainsi que dans les ballets de Noureev (Casse-Noisette, La Belle au bois dormantRaymonda, Roméo et Juliette...). Sa progression au sein de la hiérarchie fût toutefois plus lente, et l'étape du concours de promotion difficile à franchir, ce qui n'a pas empêché la jeune femme de se faire remarquer par la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker et d'être choisie pour la première distribution de Rain en 2011. La danseuse a également eu l'occasion d'interpréter le rôle d'Olympia dans La Dame aux Camélias de Neumeier à la rentrée 2013. Deux mois plus tard, elle est promue Coryphée à l'issue du concours de promotion. Au printemps dernier, elle interprète avec succès le personnage de Lycénion dans la création Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied (qui semble beaucoup apprécier les qualités de la talentueuse danseuse).
La suite s'annonce plutôt bien pour Léonore Baulac avec une belle prise de rôle à venir :  elle interprétera le rôle titre de Casse-Noisette, aux côtés de Germain Louvet, les 12 et 17 décembre prochain. 


Allister Madin.



Allister Madin intègre quant à lui le corps de ballet en 2005 en tant que surnuméraire. Puis, petit à petit, il gravit les échelons du corps où il est aujourd'hui sujet. Parmi les nombreux rôles qu'il a interprétés, on retient l'Idole dorée dans La Bayadère (Noureev), Alain dans La fille mal gardée d'Ashton, le Chef des gitans dans Don Quichotte (Noureev), Inigo dans Paquita (Lacotte), Zaël dans La Source (Bart), le Pas de deux des écossais dans La Sylphide (Lacotte) ou encore l'Oiseau Phoenix dans l'Oiseau de feu (Béjart). Avec sa personnalité bien affirmée, le danseur a la capacité de s'approprier et de leur insuffler une belle énergie. Plus récemment, il s'est distingué dans le rôle de Dorcon, dans Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied. 
Même si on ne peut plus le considérer comme l'un des "jeunes talents" de la compagnie, Allister Madin aura sans aucun doute sa carte à jouer lors du prochain concours de promotion le 3 décembre prochain. En attendant, il aura l'occasion de nous émerveiller dans le rôle de Zaël à l'occasion de la reprise du ballet de Jean-Guillaume Bart, La Source, au Palais Garnier en décembre prochain.


A l'affiche : Casse-Noisette, du 26 novembre au 31 décembre

$
0
0
Le ballet de l'Opéra de Paris présentera le célèbre ballet tiré du conte d'Hoffman, Casse-Noisette et le roi des rats, dans la version de Noureev, du 26 novembre au 30 décembre prochain à l'Opéra Bastille. Flocons, mirlitons et petits rats seront de retour et valseront sur la partition féérique de Tchaïkovski. Une série de 18 représentations qui comptera, dans les rôles principaux, cinq distributions différentes.

Photo : Julien Benhamou


Qui n'a pas déjà valsé sur la valse des fleurs, virevolté au son de la valse des flocons ? Ballet de Noël par excellence, Casse-Noisette, par ses décors, son grand sapin, ses costumes scintillants et la partition féérique de Tchaïkovski, fait rêver et ravit petits et grands. L'histoire est connue de tous :  la veille de Noël, l'intrigant Drosselmeyer, offre à sa filleule, Clara, un casse-noisette. La fête se termine, la jeune femme s'endort. Minuit sonne et surgit le roi des rats. La bataille fait rage et le Casse-Noisette, transformé en Prince, entraîne la jeune femme dans son royaume... Casse-Noisette, c'est aussi l'un des plus (longs) et beaux pas de deux du répertoire. Ce ballet, qui n'avait pas été repris depuis 2009, nous amène à nous replonger doucement, mais sûrement, dans l'ambiance des fêtes de fin d'année...


Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio


Côté danseurs, cette saison sera l'occasion de découvrir cinq nouvelles distributions et des prises de rôles fort intéressantes. 
Cinq couples incarneront les deux rôles principaux (Le Prince/Drosselmeyer et Clara) :
- Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio, les 26 et 29 novembre (20h), les 3, 7 (14h30), 19, 20 (20h) et 22 décembre.
- Amandine Albisson et Josua Hoffalt, 9 novembre (14h30), les 1er, 5 et 8 décembre.
- Ludmila Pagliero et Vincent Chaillet, les 24, 27, 31 décembre.
- Léonore Baulac et Germain Louvet, les 12 et 17 décembre.
- Hugo Marchand et Mélanie Hurel, les 20 (14h30) 25, 29 décembre.

Les "doyens", Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio assureront la première le 26 novembre prochain. Le couple avait déjà ouvert le bal en décembre 2009. Deux danseurs se connaissent bien, maîtrisent le rôle et ont souvent été amenés à danser ensemble et qui connaissent bien le rôle. Dorothée Gilbert, qui fête cette année ses sept ans d'étoilat, a été nommée dans le rôle en 2007 aux côtés de Manuel Legris. 
Parmi les autres duos à découvrir, Amandine Albisson, qui fera sa prise de rôle, et Josua Hoffalt (qui avait déjà eu l'occasion d'interprété le double rôle Drosselmeyer/Le Prince en 2009, aux côtés de Ludmila Pagliero). Amandine Albisson avait été convaincante lors de sa prise de rôle dans La Belle l'an dernier. Avec son air juvénile et sa technique solide, elle devrait être à son aise. Les deux danseurs ont déjà eu l'occasion de danser ensemble, notamment dans Onéguine, et seront amenés à redanser ensemble, sur La Source puis sur Le Lac des cygnes.
Ludmila Pagliero reprendra également le rôle de Clara. Initialement prévue aux côtés de Mathias Heymann, elle dansera finalement aux côtés de Vincent Chaillet, le danseur Etoile étant toujours indisponible. 

Surprise de ces distributions, trois jeunes danseurs sont distribués sur cette série. Léonore Baulac et Germain Louvet, tous deux Coryphée dans le corps de ballet, incarneront les rôles principaux. Deux dates prisées par les balletomanes. Depuis la création Daphnis et Chloé au printemps dernier, Léonore Baulac a clairement le vent en poupe. Elle s'est vu récemment remettre le prix de l'Arop, une belle occasion de la voir dans un grand rôle classique. De son côté, Germain Louvet se distingue par son élégance et une jolie prestance. Il s'était notamment fait remarqué dans l'extrait de Caligula lors de la soirée jeunes danseurs en incarnant Incitatus.
Autre talent, Hugo Marchand. Le danseur, qui s'est distingué à Varna cet été, remplace Stéphane Bullion, initialement prévu aux côtés de Mélanie Hurel. Un jeune danseur fougueux et novice sur le rôle, une danseuse expérimentée. Une distribution intrigante, à voir ce que ça donnera en scène.

Ne reste plus maintenant qu'à trouver des places pour les dates désirées : le ballet affiche complet depuis la rentrée. A peine les places avaient été mises en vente et les têtes d'affiche dévoilées, qu'il n'y avait plus rien dans la plupart des catégories. A en croire Twitter, même le CE de l'Opéra affiche complet. En espérant que certaines soient remises vente d'ici là ou qu'il y ait des retours sur la Bourse Opéra.

A l'affiche : La Source, du 29 novembre au 31 décembre 2014

$
0
0
Dès ce soir, le ballet de l'Opera de Paris présentera La Source, ballet chorégraphié par le danseur étoile Jean-Guillaume Bart. L'occasion de (re)découvrir les amours de Naïla, Djémil et de la belle Nouredda, et de s'éblouir devant les fastueux costumes dessinés par Christian Lacroix. 

Photo : Anne Deniau




Remonter La Sourceétait un souhait qui tenait à cœur à Jean-Guillaume Bart. Le danseur Étoile, qui a fait ses adieux à la scène en 2007, et qui aujourd'hui enseigne au sein de la compagnie, n'en était pas à son premier coup d'essai. Il avait entre autres collaboré avec l'école de danse pour la création de Pêchers de Jeunesse. La Source est toutefois son premier ballet narratif. Crée par Arthur Saint Léon ce ballet était aujourd'hui oublié et il ne reste quasiment aucune trace de la chorégraphie originale. Entré au répertoire de l'Opéra de Paris à l'automne 2011, ce ballet ne se veut pas une reconstitution, mais une chorégraphie nouvelle, fidèle à l'argument du ballet. Côté mise en scène, les danseurs évoluent dans un décor moderne et épuré. 

Qu'est-ce que l'on aime dans La Source? L'histoire, ce triangle amoureux Nouredda-Djémil-Naïla qui conduit au sacrifice de Naïla, l'esprit de la Source. On ne peut également rester insensible à la chorégraphie, sans oublier les variations bondissantes et aériennes de Zaël, les danses caucasiennes... Et bien évidemment, on peut aussi citer les magnifiques costumes de Christian Lacroix, la musique délicate de Delibes et la scénographie. En résumé, un ballet de fin d'année qu'il serait dommage de manquer ! 

Si les distributions sont cette année différentes d'il y a deux ans, on retrouvera pour la première Ludmila Pagliero  dans le rôle de Naïla et Karl Paquette dans le rôle du guerrier Djémil (les deux avaient déjà dansé la première lors de la création). Laëtitia Pujol, qui était en 2011 prévue sur le rôle de Naïla (souvenez-vous de l'affiche d'origine) incarnera Nouredda, tandis que Vincent Chaillet sera à nouveau Mozdoc et Emmanuel Thibault l'elfe Zaël. 
La deuxième distribution sera l'occasion de découvrir Muriel Zusperreguy dans le rôle de Naïla, François Alu fera quant à lui sa prise de rôle en Djémil, Alice Renavand incarnera Nouredda. Axel Ibot et Allister Madin , qui avait déjà fait ses preuves dans le rôle de Zaël, se partageront le rôle de l'elfe malicieux sur cette distribution. 

Quant à la troisième distribution, elle réunira Charline Giezendaner en Naïla, Florian Magnenet en Djémil, Laura Hecquet en Nouredda et Marc Moreau en Zaël. 
Devraient également suivre Amandine Albisson et Josua Hoffalt dans les rôles de Naïla et Djémil (les deux danseurs viennent d'être retirés de Casse-Noisette), Ève Grinsztajn en Nouredda et Fabien Revillion en Zaël.
En cette période de fin d'année, Benjamin Millepied laisse la scène aux jeunes danseurs. Après les jeunes talents propulsés en tête d'affiche de Casse-Noisette, Sae Eun Park aura droit à une représentation dans le rôle titre de la Source. Elle dansera aux côtés d'Audric Bezard (Djémil), Muriel Zusperreguy (Nouredda) et Axel Ibot (Zaël). 


Plus d'informations sur les distributions sur le site de l'Opéra de Paris. 

A lire : l'interview de Jean-Guillaume Bart parue dans le dernier numéro d'En Scène.

Casse-Noisette : Léonore Baulac et Germain Louvet (29/11/14)

$
0
0
Du 26 novembre au 31 décembre prochain, le ballet de l'Opéra de Paris reprend Casse-Noisette dans la version de Noureev à l'Opéra Bastille. Une production féérique, enchanteresse, qui nous emmène tout droit vers les fêtes de fin d'année. Pour cette reprise, place aux jeunes talents ! Léonore Baulac et Germain Louvet, actuellement Coryphées, incarnaient pour la première fois les deux rôles principaux le samedi 29 novembre dernier en matinée. Un baptême du feu. 

Léonore Baulac et Germain Louvet



Alors que l'hiver s'installe, c'est avec plaisir que nous nous réfugions à l'Opéra Bastille pour retrouver Casse-Noisette et se laisser envahir par la magie de Noël. Pour cette nouvelle sérieBenjamin Millepied a choisi de casser les codes. Le nouveau directeur de la danse a décidé de confier les rôles principaux aux jeunes danseurs de la compagnie. C'est chose faite avec la distribution réunissant Léonore Baulac et Germain Louvet, tous deux Coryphées. À l'origine prévus les 12 et 17 décembre, les deux danseurs bénéficient de deux dates supplémentaires suite au retrait des Etoiles Josua Hoffalt et Amandine Albisson pour cause de blessure. Les deux jeunes talents faisaient leur prise de rôle ce samedi 29 novembre. 
Lorsque l'on voit Léonore Baulac et Germain Louvet en scène, on sait pourquoi le nouveau directeur de la danse leur a confié les rôles titres. Léonore Baulac, par sa grâce et son allure juvénile, convainc tout de suite en Clara. Elle a une danse légère et aérienne et est très agréable à regarder danser. On perçoit quelques hésitations au premier acte certes, mais le constat est indéniable : Léonore Baulac a l'étoffe d'une soliste. La danseuse a une vraie présence en scène, elle sait prendre possession de l'espace. Elle s'impose dans ses variations, notamment dans le grand pas de deux du deuxième acte. Elle est cette jeune fille, plus vraiment enfant mais encore jeune au premier acte, avant de revenir plus affirmée lors de l'adage du second.
De son côté, Germain Louvet est lui aussi convaincant. Encore un peu vert pour le rôle du parrain énigmatique Drosselmeyer qui éveille les fantasmes de Clara, il dégage lui aussi une belle présence en scène et s'impose comme soliste. Il incarne un prince élégant, charismatique. Le jeune danseur dévoile lui aussi une belle technique et se distingue également par la propreté de la réception de ses sauts. 
Ensemble, les deux danseurs affichent une jolie complicité. Si le stress est palpable dans leur premier pas deux, les deux danseurs se sont bien sortis de cette chorégraphie périlleuse qui ne laisse que peu de répit aux danseurs, où précision et technique affûtée sont de rigueur. Le grand pas de deux du deuxième acte est magnifiquement exécuté, les deux danseurs offrant un bel adage et deux variations bien maîtrisées.



Les deux danseurs ne sont pas seuls en scène. Car Casse-Noisette, c'est toute une ambiance : la grande famille réunie autour du sapin se distribuant les cadeaux, bataille des petits rats, le voyage au royaume des flocons... Une valse des flocons légère et aérienne, avant de repartir dans les ténèbres de la forêt et au royaume des songes. Du côté des seconds rôles et des divertissements, mention spéciale à la charismatique Aubane Philbert, qui incarnait Luisa, la soeur de Clara. Elle a également une belle présence en scène et une danse vive et fluide, que ce soit au premier acte et dans la danse espagnole au second. Simon Valastro semble également prendre beaucoup de plaisir dans le rôle de Fritz. Une fois de plus, Eve Grinsztajn s'est montrée envoûtante aux côtés de Julien Meyzindi dans la danse arabe. Le grand bal avec ses lustres dorés clôture le voyage. 
Un grand bravo également aux petits rats de l'Opéra, ovationnés, pour leur marche vivante au premier acte et qui ont donné tout leur charme à la bataille autour de l'arbre de Noël.



En résumé, des débuts plus que prometteurs pour ces deux jeunes talents. Deux solistes attachants qui devraient avoir de beaux jours devant eux et une carte à jouer au prochain concours de promotion.

Concours de promotion du ballet, édition 2014

$
0
0

Le concours de promotion interne du ballet de l'Opéra de Paris débute dès demain, mercredi 3 décembre avec les garçons, et se poursuivra le samedi 6 décembre avec les danseuses. Cet événement, attendu par les balletomanes, est l'occasion pour les membres du corps de ballet de progresser dans la hiérarchie. Quadrilles, Coryphées et Sujets s'élanceront tour à tour au fil de ses deux journées au son de la clochette. Le principe ? Les danseurs présentent chacun leur tour une variation imposée, puis une variation libre. Le concours de promotion sera pour la première fois placé sous la présidence de Benjamin Millepied, nouveau directeur de la danse, qui a pris ses fonctions début novembre.






Combien de postes à pourvoir ?
  • 1 poste de Première danseuse
  • 2 postes de Sujet femme 
  • 5 postes de Coryphée femme 
  • 1 poste de Premier danseur
  • 2 postes de Sujet homme
  • 2 postes de Coryphée homme

Quelles sont les variations imposées ?

Pour les danseuses, samedi 6 décembre :
- Sujets 
Le Lac des cygnes (Noureev / Petipa), Acte III, variation du Cygne noir
- Coryphées
La Bayadère (Noureev / Petipa), Acte II, variation de Gamzatti
- Quadrilles
Le Lac des cygnes (Noureev / Petipa), Acte I, 1ère variation du Pas de trois 


Variation pour les Sujets Femmes, dansée ici par Agnès Letestu

Pour les danseurs, mercredi 3 décembre :
- Sujets
Tchaïkovski Pas-de-deux (Balanchine)
- Coryphées
Le Lac des cygnes (Noureev / Petipa), Acte III, variation de Siegfried
- Quadrilles
Paquita (Lacotte / Mazillier / Petipa), Acte I, variation de Lucien



A la veille du Concours, souhaitons bonne chance à tous les danseurs, en scène dès demain, et aux danseuses pour samedi prochain !



Concours de promotion, résultats des danseurs

$
0
0
Ce mercredi 3 décembre était le jour J pour les danseurs du corps de ballet de l’Opéra de Paris. Les classes de Quadrilles, Coryphées et Sujets étaient en piste pour le concours annuel de promotion interne et prêtes à danser les variations imposées et libres. Le tout, sous l’œil vigilant d’un jury composé cette année de Stéphane Lissner, Benjamin Millepied, Clothilde Vayer, Maria Kochetkova et Ethan Stiefel. Sans oublier les membres élus par le ballet, à savoir Aurélie Dupont, Benjamin Pech, Aurélia Bellet, Myriam Kamionka et de Juliette Gernez (suppléante).

A la clé, deux postes de Coryphée, deux postes de Sujet et un poste de Premier danseur.




N’ayant pu assister à cette journée, je ne m’étendrai pas sur les commentaires. Voici néanmoins les résultats et le classement complet des candidats :

-       Quadrilles Hommes
1. Antoine Kirscher*
2. Florent Melac
3. Pablo Legasa
4. Antonio Conforti
5. Cyril Chokroun
6. Antonin Monié

La classe des Quadrilles est celle que je maîtrise le moins chez les danseurs. Les deux promus Antoine Kirscher et Florent Mélac s’étaient fait remarqués la saison passée lors de la soirée Jeunes danseurs dans un extrait de La Source (Bart). Ils incarnaient alors respectivement les rôles de l’elfe Zaël et du guerrier Djémil. On note dans le classement la présence de Pablo Legasa et d’Antonio Conforti, également deux beaux artistes en devenir.

(* en gras, les danseurs promus)

-       Coryphées Hommes
1. Germain Louvet
2. Hugo Marchand
3. Jérémy-Loup Quer
4. Adrien Couvez
5. Mickaël Lafon
6. Mathieu Contat

Sans grande surprise, Germain Louvet et Hugo Marchand sont promus Sujets. Les deux danseurs ont la semaine dernière effectué leur prise de rôle sur Casse-Noisette. Les deux danseurs progressent à toute allure dans la hiérarchie. On n’oublie pas Jérémy-Loup Quer, en troisième position, un danseur doté d’une personnalité intéressante et d’une belle qualité de danse.

-       Sujets Hommes
« Aucune majorité ne s’étant dégagée à l’issue des délibérations du jury, le poste de Premier danseur n’est pas pourvu »

Un coup dur pour cette classe qui comprend de belles personnalités artistiques. On pense notamment à des danseurs comme Florimond Lorieux, Allister Madin, Sébastien Bertaud, Axel Ibot... Néanmoins, il vaut mieux laisser une place vacante que de voir une promotion non désirée et discutable. Le poste de Premier danseur est le dernier grade avant la nomination (éventuelle) d’Etoile, Il est préférable d’avoir un Premier danseur, et donc un soliste indiscutable qu’une promotion hasardeuse. Même si l’on pense à cette classe et à tous ces danseurs qui se sont longuement préparés et ont tout donné pour cette journée.

Pour rappel, les promotions seront effectives à partir du 1er janvier 2015.

Pour des commentaires et impressions plus détaillés sur les prestations de cette première journée de concours, n’hésitez pas à vous référer à d’autres sites et blogs danse qui ont pu y assister tels que Danses avec laplume, les Chroniques d'un petit rat parisien, Danse-Opéra...

Pour ma part, rendez-vous samedi à Garnier pour le concours des danseuses !

A l’affiche : Que voir au mois de décembre 2014 ?

$
0
0
Déjà le mois de décembre et le compte à rebours avant les fêtes de fin d’année qui se lance. Entre achats des cadeaux de Noël, préparation des fêtes de fin d’année, vous avez bien le temps de vous glisser dans un ou deux théâtres ? Ballets de noël, comédies-musicales, cinéma... Il y en a pour tous les goûts !





Les Ballets de Noël

Cette année pour les fêtes, le ballet de l’Opéra de Paris sort le grand jeu. On peut même dire qu’il a entamé un véritable marathon avec deux ballets classiques qui se prêtent très bien à l’ambiance de fin d’année.

Casse-Noisette, jusqu’au 31 décembre.

Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio

Du côté de l’Opéra Bastille, c’est la magie de Tchaïkovski qui opère. Un conte de Noël et une production dont on ne se lasse pas, même si la chorégraphie de Noureev est l’une des plus complexes. Sans oublier le charme des élèves de l’école de danse, tantôt enfants chahuteurs, petits rats à croquer ou petits soldats prêts pour la bataille... En bref, le ballet pour se plonger totalement dans l’ambiance de Noël. Suite au retrait d’Amandine Albisson et de Josua Hoffalt, quatre distributions sont à découvrir : Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio, Ludmila Pagliero et Vincent Chaillet, Mélanie Hurel et Hugo Marchand, Léonore Baulac et Germain Louvet.
Pour ma part, j’ai eu l’occasion de découvrir samedi dernier Léonore Baulac etGermain Louvet qui ont fait des débuts très prometteurs. Le soir, je revoyais avec grand plaisir Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio (compte-rendu à venir incessamment sous peu).
A noter que même si le site affiche complet, des places (dans les dernières catégories notamment) sont remises en vente le soir-même.
Le détail des distributions est disponible sur le site de l’Opéra de Paris.

La Source, jusqu’au 31 décembre.



Là encore, un ballet qui se prête bien à l’ambiance des fêtes de Noël. La Source est un petit bijou chorégraphié par Jean-Guillaume Bart sur la musique du compositeur Léo Delibes. A sa création en 2011, le ballet en avait ravit plus d’un. Pas de Casse-Noisette ici, ni de parrain énigmatique, mais un monde enchanteur autour de l’esprit de la Source et une histoire d’amour qui se créé. Entre univers onirique et danses caucasiennes, la chorégraphie, la scénographie et les costumes devraient en convaincre plus d’un. L’ensemble se prête bien à la configuration du Palais Garnier.
Pour ma part, j’ai hâte de redécouvrir ce ballet mi-décembre.

Côté distribution, cette reprise se différencie de l’entrée au répertoire. Le détail est disponible sur le site de l’Opéra de Paris.


Le temps des démonstrations

Démonstrations de l’Ecole de danse
Entre Casse-Noisette et les démonstrations, les petits rats de l’Opéra sont plus que sollicités en cette fin d’année ! Même si je ne prends plus le temps d’y assister ces dernières années, ce rendez-vous unique en son genre, est un moment fort sympathique au cours duquel l’ambiance change littéralement dans le Palais Garnier. Ambiance studieuse, intéressante, qui permet de voir la progression des élèves des plus petites divisions aux plus grandes, les axes de travail. Cours de classique, de danses de caractères, d’adage... Rien n’est laissé de côté !
Les 7, 20 et 21 décembre au Palais Garnier.


Du côté du Châtelet

An American in Paris, jusqu’au 4 janvier 2015.



Cette création est un peu le spectacle événement de cette fin d’année. Un Américain à Paris est un film connu de tous - avec les grands Gene Kelly et Leslie Caron, évoluant sur la musique de Gershwlin. Contrairement à d’autres comédies musicales de Broadway qui ont été adaptées au cinéma par la suite, celui-ci connaît le phénomène inverse : le film n’avait jusqu’alors pas été transposé sur les planches. Autre élément marquant, il est créé à Paris avant d’être donné à Broadway dès le mois de février prochain. La chorégraphie a quant à elle été confiée à Christopher Wheeldon, qui en a profité pour révéler de futures collaborations avec Benjamin Millepied pour la saison prochaine et les futures à venir.
Du côté des castings, cette création réunit deux Etoiles : Robert Fairchild du New-York City Ballet et Leanne Cope du Royal Ballet.
Plus d’informations sur le site du Théâtre du Châtelet.


Au chaud au cinéma :

Les directs du Bolchoï du mois de décembre.
Deux ballets du Bolchoï seront retransmis dans les cinémas Gaumont Pathé en ce mois de décembre. 
- La Bayadère, le 7 décembre (rediffusion), avec Svetlana Zakharova, Maria Alexandrova et Vladislav Lantratov.
 -  Casse-Noisette, le 21 décembre (en direct de Moscou).
Pour varier de la version de Rudolf Noureev, l'occasion de se plonger dans la chorégraphie de Grigorovitch. La liste des cinémas participants est disponible ici. Et à quatre jour de la veillée de Noël, ce sera une énième valse des flocons ne se refuse point !

Du côté du Royal Ballet, le public cinéphile aura l'occasion de découvrir Alice in Wonderland sera diffusé au cinéma le mardi 16 décembre à 20h15 en direct du Royal Opera House, avec Sarah Lamb dans le rôle d'Alice. Chorégraphié par Christopher Wheeldon, on y retrouve tous les personnages du roman de Lewis Carrol. Plus d'informations sur le site d'Akuentic.


Dans les musées
Une exposition à signaler au Musée Cognacq-Jay, intitulée Carte Blanche à Christian Lacroix, histoire de se plonger dans le travail du créateur, qui a créé les costumes de La Source

Concours de promotion 2015 : résultats des danseuses

$
0
0
Après les garçons mercredi, c’était au tour des danseuses du ballet de l’Opéra National de Paris de s’élancer ce samedi 6 décembre sur la scène du Palais Garnier pour le concours annuel de promotion. Dix-huit quadrilles, onze coryphées et six sujets se sont présentées. Retour classe par classe sur cette deuxième journée de concours.

Laura Hecquet, promue Première danseuse à l'issue du Concours de promotion
Photo : Sébastien Mathé



Classe des Quadrilles

1. Ida Viikinkoski
2. Jennifer Visocchi

Cinq postes étaient à pourvoir pour les quadrilles, mais le jury - n’ayant pas réussi à se mettre d’accord - en a décidé autrement et seulement deux postes ont été pourvus. Un coup dur pour ces danseuses talentueuses et nombreuses à se présenter hier matin dans l’espoir de progresser dans la hiérarchie du ballet.
Il faut dire que globalement le niveau de cette classe était très homogène et qu’aucune des dix-huit candidates n’a réellement dominé le concours. Même si, il y a eu de très belles prestations (et de haut niveau !). Les candidates avaient pour variation imposée la première variation du pas de trois du premier acte du Lac des cygnes. Les candidates se sont bien sorties des difficultés techniques, mis à part la dernière diagonale où il y a eu quelques accrocs.

Ida Viikinkoski
Photo : Sébastien Mathé


Ida Viikinkoski et Jennifer Visocchi sont les deux heureuses élues de ce concours. Dans l’ensemble, Ida Viikinkoski a fait un beau parcours. Pour son tout premier concours, elle avait choisi la variation du Printemps, extraite de The Four Seasons de Jérôme Robbins. La jeune danseuse s’est révélée très musicale et a dévoilé une jolie personnalité. Dans un tout autre genre, après une variation imposée du même niveau que les autres candidates, Jennifer Visocchi a convaincu le jury avec un choix original : Grand Pas de Twila Tharp (présenté l’an dernier par Lydie Vareilhes). Là aussi, la danseuse a montré son sens de l’artistique. Un choix qui a payé.

Jennifer Viscocchi
Photo : Sébastien Mathé


Pincement au cœur en revanche pour la jeune Alice Catonnet qui a fait elle aussi un beau concours et qui a tout donné dans la variation du Grand pas classique de Gorsky.  Pensée également pour Amélie Joannidès, jolie danseuse lumineuse et solaire, qui alliait légèreté et finesse, dans la variation lente du Corsaire. Une fois de plus, Leïla Dilhac a réalisé un beau concours. L’an dernier, son interprétation de la variation de l’Acte II de Manon m’avait marquée, cette année encore elle s’est distinguée avec la variation de la danseuse en vert extraite de Dances at a gathering de Robbins.
On peut également citer Camille de Bellefon qui a eu le cran de présenter une des variations d’Arepo, rarement choisie au concours de promotion, et de l’interpréter avec brio. A retenir également, la jolie prestation de Lucie Fenwick, à qui le style de Forsythe va si bien.

Classe des Coryphées

1. Léonore Baulac
2. Hannah O’Neill
3. Letizia Galloni
4. Laurène Lévy
5. Fanny Gorse
6. Marion Barbeau

Sans surprise, Léonore Baulac et Hannah O’Neill, les deux grandes favorites sont promues au rang de Sujet.
Pourtant, la variation imposée, celle de Gamzatti à l’acte II de La Bayadère aura donné du fil à retordre aux candidates avec des difficultés techniques qui en auront déstabilisées plus d’une (même les favorites !).

Léonore Baulac
Photo : Sébastien Mathé


Classée première, Léonore Baulac n’a peut-être pas fait le plus beau concours mais s’est sortie honorablement de sa variation imposée et de sa libre, la variation du Printemps, extraite de The Four Seasons de Robbins. La danseuse qui possède un charisme évident et une âme de soliste est logiquement promue, notamment après une année artistiquement très riche entre Daphnis et Chloé de Millepied et sa récente prise de rôle dans Casse-Noisettela semaine dernière.
En deuxième position, Hannah O’Neill a elle aussi réalisé un beau concours. Malgré une petite chute dans la variation imposée (qui a largement surpris l’audience) dansée avec panache, la danseuse a offert au public une bouffée d’oxygène avec La nuit de Walpurgis de Balanchine. Un très beau moment de ce concours où la danseuse a une fois de plus montrer l’étendue de sa personnalité artistique.

Hannah O'Neill
Photo : Sébastien Mathé


Concernant les autres candidates, Marion Barbeau s’est aussi bien distinguée dans son imposée et dans sa variation libre. Elle avait choisi Bhakti de Maurice Béjart, qu’elle a bien interprétée et dans laquelle elle a révélé une certaine autorité. Letizia Galloni a incarné elle aussi une belle Gamzatti, et s’est sortie des difficultés techniques de la variation extraite du Tchaïkovski Pas de deux. Aubane Philbert, danseuse très charismatique, a livré une jolie interprétation du deuxième acte de la variation de Nikiya dans La Bayadère.


Classe des Sujets

1. Laura Hecquet
2. Héloïse Bourdon
3. Sae Eun Park
4. Caroline Robert
5. Marine Ganio
6. Charline Giezendanner

Sans aucun doute, le concours le plus enthousiasmant de cette journée avec de fortes personnalités se détachant dans cette classe.
Le trio de tête formé par Laura Hecquet, Héloïse Bourdon et Sae Eun Park a largement dominé, et incontestablement Héloïse Bourdon (mon coup de cœur de la journée) est la danseuse qui s’en est largement le mieux tirée. Son cygne noir était magnifique, la danseuse y était séductrice et vénéneuse, dévoilant un beau travail de bras. Dans les Mirages de Lifar, où complètement habitée, elle a transporté le public dans un autre temps et nous a fait sortir quelques minutes de l’esprit du concours. Deux prestations transcendantes.
Laura Hecquet s’est également imposée dans la variation du cygne noir, se déjouant des difficultés techniques et mettant en avant ce côté séducteur. Pour sa variation libre, elle avait choisi The Four Seasons de Robbins et la variation de l’automne. Egalement un très joli moment et une variation parfaitement maîtrisée.
En troisième position, Sae Eun Park était impressionnante techniquement dans la variation du Cygne noir. Mais il manquait encore un petit quelque chose du côté de l’interprétation. En revanche, la jeune danseuse a agréablement surpris dans sa variation libre en incarnant une Nikiya très humaine et en faisant ressortir les facettes du personnage.
A signaler également, la très jolie prestation de Marine Ganio, beau cygne noir et très musicale dans sa variation extraite d’Other Dances de Robbins.

Au final, Laura Hecquet est promue Première danseuse. Une très belle récompense pour cette talentueuse danseuse, à la fois dotée d’une technique solide et d’une âme de soliste, et qui mérite amplement ce titre.
Pour autant, cette promotion semble plus se baser sur l’ensemble de la carrière de la danseuse que sur les prestations du jour. Dommage qu’il n’y avait pas eu deux places à pourvoir ce samedi.

Casse-Noisette : Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio

$
0
0
Avec un peu de retard, retour sur la représentation de Casse-Noisette qui réunissait les étoiles Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio le samedi 29 novembre dernier dans les rôles titres. Une Clara resplendissante et un élégant prince pour nous plonger dans la magie des fêtes de fin d'année.

Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio le 29 novembre dernier


Après les jeunes danseurs, place aux étoiles confirmées. Les rôles de Clara et le double rôle de Drosselmeyer et du Prince, Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio les connaissent plutôt bien. La première a été nommée Etoile le 24 novembre 2007 sur ce ballet, les deux ont déjà dansé ensemble en 2009. Cinq ans plus tard, les deux étoiles se glissent toujours aussi bien dans la peau des deux personnages, ce qui met encore plus en avant la relecture freudienne de Noureev. Ensemble, ils nous transportent dans ce conte de Noël. Plus complices que jamais, les deux Etoiles nous livrent toujours une aussi belle représentation, avec un partenariat qui prend encore plus d’ampleur et donne encore plus de vie et d’expression aux personnages qu’ils incarnent.

Dorothée Gilbert se prête vraiment bien au rôle de Clara. Elle possède cette allure juvénile au premier acte, et incarne cette jeune fille à l’aube de l’adolescence. La petite Clara couve des yeux son parrain qui lui offre son Casse-Noisette. On aime son travail du haut du corps, son travail de pointes, la précision de ses gestes et le mouvement qui s’étend jusqu’au bout de ses doigts. Mathieu Ganio, son partenaire, interprète le double rôle du prince et de Drosselmeyer. Au premier acte, il interprète le parrain de Clara, à la démarche claudiquante, et lui donne ce côté énigmatique et troublant. Il est à la fois bienveillant envers sa nièce à laquelle il offre le fameux casse-noisette. Un pauvre jouet qui aura bien des soucis entre le frère chahuteur Fritz, campé par Daniel Stockes, très convaincant dans le rôle, qui n’hésite pas à faire enrager sa sœur et à briser le cadeau en deux, et les enfants chamailleurs. Mais Drosselmeyer veille, et répare le casse-noisette, renforçant l’émerveillement et ce sentiment ambigu qu’éprouve Clara pour son parrain. Puis, les invités prendront congé, et Clara s’endormira paisiblement... mais pas pour longtemps ! Les petits rats s’attaqueront au sapin de Noël et aux cadeaux, avant de se jeter sur le jouet que tient Clara entre ses bras. C’est alors son casse-noisette, qui prend soudainement vie, qui viendra la délivrer du Roi des rats, après une bataille animée entre petits soldats et petits rats. Un tableau toujours bien mené par les élèves de l’école de danse, si attachants dans leurs costumes, et qui, il faut le souligner, assurent le show !
Mais ce n’est que le début d’un long voyage pour Clara. Une fois la bataille terminée, le Prince entre en scène. Ce premier pas de deux marque l’éveil au sentiment amoureux. Clara est intimidée, puis se laisse porter par son prince et part à la découverte du royaume des neiges. Difficile de ne pas se laisser convaincre par l’élégant Prince de Mathieu Ganio, danseur noble par excellence mais aussi par sa belle qualité de danse. Un très beau pas de deux où les deux étoiles sont à l’unisson, bravant les difficultés techniques. La valse des flocons clôture ce premier acte enchanteur, avec des danseuses toujours aussi légères et aériennes. Sans oublier, les sauts remarquables de Letizia Galloni.


Passé le deuxième pas de deux, où Dorothée Gilbert s’envole littéralement dans les bras de son partenaire, le deuxième acte de Casse-Noisette paraît toujours un peu long. Moins rythmé, le tableau du royaume des songes casse la dynamique insufflée au premier acte. Les divertissements prennent vite le dessus, où Clara intègre dans son rêve de Clara les différents membres de sa famille. Danses espagnoles, mirlitons, chinois entrent en scène. Stéphanie Romberg et Yann Chailloux s’imposent dans la danse arabe. La pastorale clôture les divertissements. Elle est formée par un beau trio avec l’excellent Florimond Lorieux, qui brave avec une facilité déconcertante les difficultés techniques, la charismatique Aubane Philbert et la pétillante Lydie Vareilhes. Suit ensuite le bal, animé par la joie de danser des danseurs du ballet avant les premières notes du grand pas de deux final. Moment de beauté et de virtuosité, il est sans conteste Ce moment est sans conteste l’un des plus beaux passages de ce deuxième acte. Dorothée Gilbert s’est transformée en cette femme et irradie en scène. Mathieu Ganio, avec son allure princière, est,parfaitement en accord avec elle. Leur partenariat fonctionne vraiment bien et une forte complicité se dégage entre les deux danseurs. Les deux Etoiles semblent se comprendre uniquement par le regard, ce qui fait que leur danse s’accorde naturellement. Impeccable variation en solo pour Mathieu Ganio, puis variation réussie de "la fée dragée" pour Dorothée Gilbert avant un final éclatant.

Le rêve touchera bientôt à sa fin et Clara se réveillera dans son fauteuil, entourée de sa famille, son casse-noisette blotti contre elle. Mais Drosselmeyer est déjà parti, Clara se lance à sa poursuite, mais impossible de retrouver son cher parrain, caché quelques mètres plus loin. Le rideau se ferme sur une Clara encore toute émerveillée, assise sous le porche de sa maison avec sa Casse-Noisette et laisse chacun interpréter ce rêve à sa façon...

La Source, l'élégance à l'état pur

$
0
0
La Source de Jean-Guillaume Bart est un subtil mélange d'élégance et de finesse. La représentation du 13 décembre réunissait Ludmila Pagliero (Naïla, l'esprit de la Source), Karl Paquette (le guerrier Djémil), Laëtitia Pujol (Nourreda, promise au Khan), Vincent Chaillet (Mozdock, frère de Nouredda), Allister Madin (l'elfe Zaël) et Alexis Renaud (le Khan) sur la scène de Garnier.


Ludmila Pagliero et Karl Paquette

Il y a des ballets au cours desquels on prend beaucoup de plaisir à regarder le raffinement du travail de pointes, la qualité des pas et l'élégance du geste. C'est le cas de La Source, ballet sorti des oubliettes et revisité par Jean-Guillaume Bart, ancien danseur étoile de la compagnie, en 2011. 
Créé en 1866 d'après le livret d'Arthur Saint-Léon, sur les partitions de Léo Delibes et de Léon Minkus, l'histoire de la Source débute dans une clairière, à la frontière entre deux mondes, le premier imaginaire, où se côtoient elfes et nymphes ; le second, bien réel, représenté par les caucasiens et le guerrier Djémil.
Point commun entre ces deux univers, ils sont liés par un personnage, l'esprit de la Source, Naïla. Alors que Mozdock, chef des caucasiens, et sa suite conduisent sa soeur Nouredda vers le palais Khan. Le convoi s'arrête dans une petite clairière, au pied de la Source. Djemil, fasciné par la beauté de Nouredda, tombera éperdument amoureux d'elle. Il sera battu à mort par Mozdock, puis réanimé par Naïla. Avec la complicité des elfes, l'esprit de la Source, le guidera vers le Palais du Khan où Nouredda tente de prendre la place de Dadjé, la favorite du Khan. Naïla s'introduira dans le palais et séduira la Khan, qui laissera tomber Nouredda. Humiliée, cette dernière se laissera mourir. Djémil demandera alors à Naïla d'user d'un sortilège pour la sauver. L'esprit de la Source acceptera, ce qui conduira à son sacrifice.
Pour cette reconstruction, Jean-Guillaume Bart a misé sur une mise en scène épurée d'Eric Ruff, suggérant un vieux théâtre défraichi où les rideaux tombent en lambeaux, contrastant avec les costumes flamboyants de Christian Lacroix. Pas de cours d'eau, mais une suspension de cordes et de fleurs qui évoque la source. Ici, c'est la qualité de danse qui prime.


Laetitia Pujol, Nouredda


Ludmila Pagliero incarne l'immatériel Naïla, rôle qu'elle avait déjà dansé pour la première du ballet en 2011. Par sa personnalité et son caractère, on imagine plus aisément la danseuse dans des rôles plus flamboyants (comme Paquita ou Don Quichotte), mais Ludmila Pagliero donne à son personnage des allures de Sylphide, faisant ressortir son côté éthéré. Elle montre un beau travail de pointes, léger et moelleux. Ses ports de bras élégants révèlent les intentions de cet être immatériel qui tombe sous le charme de Djémil, qui fait à peine attention à elle. Dans le rôle du guerrier, Karl Paquette n'électrise peut-être pas le public par ses prouesses techniques, mais on s'attache à son personnage, bien terrestre, et totalement obnubilé par la belle Nouredda. Lors du dernier tableau, le pas de trois Nouredda-Djemil-Naïla est particulièrement évocateur. Malgré les dernières tentatives de Naïla et ses regards insistants, Djemil ne regarde que Nouredda.
Pour incarner la promise du Khan, cette nouvelle série voyait la prise de rôle de Laetitia Pujol en Nouredda (à la création, la danseuse était prévue dans le rôle de Naïla mais n'avait pas pu danser en raison d'une blessure). La danseuse donne de la profondeur et dévoile plusieurs facettes du personnage de Nouredda. Tantôt mélancolique, voire triste au premier acte, tantôt capricieuse, puis humiliée lorsque le Khan, envoûté par Naïla, se désintéresse subitement d'elle, Laetitia Pujol nous offre un beau rôle de composition. Une très jolie prestation de la danseuse qui transmet une émotion particulière à chacune de ses variations. 
Mais que serait l'histoire de la Source, sans le ténébreux et cruel Mozdock? Incarné par un excellent Vincent Chaillet, le personnage au caractère bien trempé, prête à sourire. Leader dans l'âme, le danseur incarne un chef des caucasiens viril, très sûr de lui, vif et violent. Très précis techniquement, il mène les danses caucasiennes avec grandeur. Protecteur, il couve Nouredda de près, n'hésitant pas à frapper à mort le guerrier Djemil, qui a osé se mettre en travers de son chemin. 
La Source perdrait également de son charme, sans l'elfe Zaël, fidèle compagnon de Naïla. Un rôle dans lequel s'illustre Allister Madin. Malicieux et bondissant à souhait, il offre une très jolie prestation, pleine de virtuosité et très applaudie par le public.
Quant au Khan, il était incarné par l'inflexible Alexis Renaud. Le pas de deux entre son personnage et Naïla, est l'un des moments les plus forts du ballet. Lui, totalement séduit, elle, dénuée de sentiments humains, n'ayant pas conscience de ce qui se passe.
N'oublions pas également Dadjé de Nolwenn Daniel, qui campe une favorite séductrice et sûre d'elle.




Entre les danses caucasiennes et celles des nymphes, la Source alterne perpétuellement entre les deux mondes. Les passages des nymphes sont de toute beauté, avec leurs tutus vaporeux aux tintes violines et bleutées, les nymphes envoûtent par leur grâce, leur raffinement. Un très beau tableau, certainement l'un des plus beaux du ballet. Mention spéciale également aux quatre elfes et à leur belle énergie. Bravo également à l'ensemble des caucasiens, pour leurs ensembles précis et dynamique, malgré la lourdeur des costumes.

Au final, une distribution équilibrée, juste, avec des personnages principaux qui racontent une histoire qui fonctionne. Un ballet fort agréable à redécouvrir en cette période de fêtes de fin d'année. Représentatif de la tradition et de l'élégance française, la Source est un petit bijou du répertoire. Un beau ballet à voir sans hésiter pour ces fêtes de fin d'année.
Viewing all 66 articles
Browse latest View live