Le ballet de l'Opéra de Paris faisait sa rentrée hier soir au Palais Garnier avec la première de la soirée dédiée aux chorégraphes Lander et Forsythe. Cette soirée s'ouvrait avec le traditionnel défilé du ballet et de l'école de danse.
Défilé du samedi 20 septembre |
Le défilé de ce samedi 20 septembre en aura une fois de plus ému plus d'un. Il faut dire que, même si on connaît le rituel, la musique par cœur, on ne peut rester insensible lorsque l'on voit la plus jeune élève de l'école de danse s'élancer sur le plateau en pente, suivie des autres élèves, puis des danseurs de la compagnie. Tous, en rang parfait sur la célèbre Marche des Troyens de Berlioz. Un rituel dont ne se lasse pas, certains venant spécialement pour l'occasion. Certains s'amusent à suivre l'applaudimètre (même si pour ce soir de première, le public était moins chaleureux et plus protocolaire qu'à l'ordinaire). Sans aucun doute hier soir, c'est Aurélie Dupont qui a récolté tous les suffrages. La doyenne du ballet participait là à l'un de ses derniers défilés. Mathieu Ganio fermait de son côté pour la première fois le défilé. Côté premiers danseurs, le trio formé par François Alu, Audric Bezard et Arthur Raveau a reçu de chaleureux applaudissements. À noter également, le retour de Sarah Kora Dayanova dans les rangs du corps de ballet.
Saluts d'Etudes |
Les amoureux de la danse classique sont servis en ce début de saison avec la reprise d'Etudes du danois Harald Lander. Pour ma part, je découvrais ce ballet pour la première fois. Alors que la charmante Marion Barbeau nous montre en guise d'introduction les cinq positions de base de la danse classique créées par Pierre Beauchamp, les danseuses en noir se lancent dans une barre, parfaitement mise en scène. Le ballet suit ensuite un découpage précis, montrant les grandes étapes d'un cours de danse et l'évolution du danseur. Il évoque le ballet romantique avec un clin d'œil à La Sylphide avant de s'envoler vers l'école académique d'Auguste Bournonville. Le trio d'étoiles du soir est formé par Dorothée Gilbert, Josua Hoffalt et Karl Paquette. Après un an d'absence, Dorothée Gilbert faisait là son retour sur scène. Malgré sa "Sylphide" encore un peu terrienne, elle a passé sans encombre les difficultés techniques dans la variation de l'étoile. Car Études est un ballet rendant hommage à la danse classique. Et, qui dit ballet classique, dit technique exigée. Aux côtés de la danseuse étoile, Josua Hoffalt s'est lui aussi bien tiré des difficultés techniques. Tandis que Karl Paquette semblait plus essoufflé sur la fin.
Mention spéciale au corps de ballet pour la synchronisation (notamment dans les fouettés chez les filles). L'œil du spectateur ne pouvait également pas passer à côté d'Hugo Marchand, impeccable hier soir : belle présence scénique, belle qualité de danse. Impossible également de ne pas être éblouie par la petite batterie d'Axel Ibot.
Au final, une belle découverte d'un ballet qui mérite encore quelques ajustements (quelques tensions et incertitudes étaient encore palpables hier soir). Cela devrait s'améliorer au fil des représentations.
Dorothée Gilbert |
Changement d'ambiance après l'entracte et place au Woundwork1 de William Forsythe. Quatre danseurs en scène, deux couples qui se font face, s'entrecroisent, dansent parfois ensemble ou chacun de leur côté. Woundwork est une étude sur le travail du pas de deux sur la musique de Thom Willems, au tempo quasiment imperceptible. On s'attarde à regarder les lignes des danseurs, les mouvements esquissés. Chacun des deux couples dégage sa propre énergie. On suit Aurélie Dupont et Hervé Moreau qui se complètent, et Mathieu Ganio et Laetitia Pujol, également bien assortis. Peut-être est-ce le fait de l'avoir déjà vu il y a deux ans, mais j'ai mieux apprécié ce ballet hier soir. En revanche, cela reste toujours un peu frustrant de ne pas pouvoir suivre complètement chacun des deux couples.
Woundwork |
Pour finir en beauté, place au détonnant Pas./Parts. Il y a deux ans ce ballet ne m'avait pas laissé de souvenir particulier. Je me souvenais d'une représentation étourdissante mais pas forcément marquante. Rien voir avec la soirée d'hier soir emmenée par des danseurs survoltés, tout simplement au top! Aux côtés de l'impressionnante Marie-Agnès Gillot, les quinze danseurs du soir ont époustouflé le public et insufflé une énergie enivrante dans Garnier. Que dire des prestations de l'incisif Sébastien Bertaud, et à cette interprétation magistrale, et d'Aurélien Houette, qui montre ici l'étendue de son talent. Sans oublier les ondulations d'Audric Bezard, la démente Ève Grinsztajn aux côtés de Jérémie Bélingard, également très en forme, dans un pas de deux étourdissant. Laurène Lévy, très à l'aise et à la plastique adéquate pour le style Forsythe, et Julien Meyzindi montrent aussi toutes leurs qualités. Il y a également Lydie Vareilhes, Marine Ganio, Stéphanie Romberg, Pauline Verdusen, Cyril Mitilian, Hannah O'Neill. Tous semblent épanouis en scène. Le public est conquis (#ForsytheForever).
Saluts de Pas./Parts |
Au final, une belle soirée. Etudes reste encore fragile, les solistes encore tendus. Au contraire, les danseurs semblent plus qu'épanouis dans les ballets de Forsythe.